Passer les vitesses à la volée abîme la boite ! | Une idée reçue motarde…

Passer les vitesses à la volée abîme la boite ! | Une idée reçue motarde…

Par Remi Darodes | Publié le 11 novembre 2024

« Passer les vitesses à la volée »… Rien que par son nom, cette manoeuvre n’inspire pas confiance à la plupart des motards. Et pourtant, passer les rapports sans débrayer ne fait pas de vous un gredin ou un brise-fer. C’est même dans l’ordre naturel des choses.

« S’il y a un levier d’embrayage, c’est qu’il y a une raison, » nous rétorquerons probablement les motards les plus cancaniers. Et à ceux-là, nous répondrons… Vous avez raison ! Le levier d’embrayage sur une boite de vitesse à crabots a bien une utilité : il sert à partir lorsque la moto est à l’arrêt et à enclencher la 1ère quand le moteur tourne. L’écrasante majorité des motards l’utilise aussi pour passer les vitesses, mais il n’est objectivement et surtout mécaniquement pas nécessaire au changement de rapport une fois lancé. Tant que l’on connaît la méthode. 


En VERT, le barillet de sélection de boite, il transforme le mouvement du pied en rotation, qui va faire glisser les fourchettes en ROSE dans ses sillons. Lesquelles vont par ce mouvement décaler les pignons de boite, en JAUNE, qui vont se verrouiller entre-eux grâce à leurs crabots, en BLEU.

Le fonctionnement d’une boite à crabots

Dans une boîte de vitesses de moto, les différents rapports -matérialisés par des paires de pignons- sont engagés l’un avec les autres grâce à des dents situées sur leur flanc. On appelle ces dents des crabots, d’où le nom « boite de vitesses à crabots ». Pour que ces crabots puissent s’accoupler de manière fluide et sans accroc, il faut que la différence entre leur vitesse de rotation respective soit la plus faible possible. On peut convertir cette différence de vitesse en « couple ». Il sera positif à la montée des rapports et négatif à la descente. Et donc, tout l’enjeu d’un changement de vitesse, réside dans la neutralisation de ces différences de couple. En prenant l’embrayage, par exemple, ou en passant les vitesses à la volée avec une méthode bien précise.

La méthode pour passer les vitesses à la volée

- À la montée
Pour passer les vitesses sans l’embrayage à la montée des rapports, il faut soulager la boite du couple positif créé par l’accélération du moteur. Ce qui revient à le « ralentir » le temps que les pignons du rapport supérieur « s’accouplent » et donc que la vitesse s’enclenche. Pour se faire, il suffit tout bonnement de relâcher les gaz un très bref instant, au moment exact où l’on enclenche le rapport supérieur. Notez que plus vous êtes haut dans les tours, plus l’opération sera fluide, efficace et indolore (et oui, on choisit ce mot à dessein).

- À la descente
Pour passer les vitesses sans l’embrayage à la descente des rapports, il faut à l’inverse soulager la boite du couple négatif. Et donc « relancer » le moteur le temps que les pignons du rapport inférieur s’accouplent. Pour se faire, il faut réussir à donner un petit coup de gaz (avec l’embrayage, toujours bien en prise) juste avant de rentrer le rapport dans un timing très précis. Si la manoeuvre n’est objectivement pas anti-mécanique lorsqu’elle est maîtrisée, elle est en revanche très anti-naturelle. Puisqu’elle demande de mettre un coup de gaz au moment où généralement on veut ralentir la moto. La méthode a d’ailleurs plus d’adeptes en tout-terrain que sur la route. D’abord, parce que le gain en confort de conduite sur le bitume est vraiment mince, voire nul. Ensuite, parce que plus les vitesses sont élevées, plus le geste est périlleux. 

Passer les vitesses à la volée, le shifter des pauvres !

La démocratisation en masse du shiter Up/Down est la preuve que le passage de vitesse à la volée n’est pas nocif pour nos mécaniques. Puisque son rôle exacte est finalement de reproduire toutes les manoeuvres que nous avons présentées plus tôt. Mais avec beaucoup plus de précision et de rapidité :
  – À la montée, le contacteur (généralement situé sur la tige de sélection de boite) va capter le mouvement de votre pied et va ensuite le convertir en coupure à l’allumage (l’équivalent du soulagement de la poignée décrit plus tôt). Cela va créer une brève rupture dans l’accélération (environ 70 milliseconde), soulageant ainsi la boite du couple positif.
  – À la descente, le contacteur va à l’inverse transformer l’impulsion en un coup de gaz hyper précis, qui permet cette fois-ci de soulager la boite du couple négatif. Et c’est généralement pour cette raison que les motos à commande de gaz par câble ne peuvent pas recevoir de shifter à la descente… Car leur commande des gaz n’est pas entièrement robotisée. 
Les plus perspicaces comprendront que le véritable intérêt du shifter se trouve donc à la descente. Pour le confort de conduite d’une part, mais aussi pour la performance. L’efficacité et la précision du système permet non seulement de rétrograder en étant haut dans les tours, mais aussi, de réguler le frein moteur et donc d’éviter le blocage de la roue arrière lorsque l’on taquine le chrono. Le down-shifter est un allier de taille, pour pilote de tout niveau.

Attention…

Il est important de préciser que tous les moteurs et toutes les boites de vitesses ne supportent pas de la même manière le passage à la volée. Par leur conception (tous les crabots n’ont pas le même profil, certains sont plus tronqués que d’autres, pour plus de fluidité..), par leur caractéristique aussi (chaîne, cardan, courroie), ou encore, pas leur étagement (plus les écarts de démultiplication sont importants, plus les contraintes peuvent l’être aussi) etc…

C'est un marrant Remi Darodes, l'auteur de l'article. Ah donc l'embrayage ne servirait qu'à passer la première pour démarrer? Je ne sais pas si ce type passe ses vitesses de cette manière sur sa mob mais ce que je sais c'est bien que ce n'est pas un as en mécanique.
A chaque passage sans débrayer c'est vouloir accoupler brutalement 2 pignons qui ne tournent pas à la même vitesse... Avec un choc qui se répercute dans toute la chaine cinématique tant que les crabots résistent  . Et bien sûr d'après le bonhomme ça n'aurait pas de conséquences sur la durée de vie des pièces sollicitées. Je me marre  . Sa méthode pour annuler le couple pendant la manoeuvre serait de couper les gaz... C'est con c'est exactement se qu'on fait lorsqu'on débraye pour changer de vitesse. Alors il est où le bénéfice?

Surtout si vous voyez son nom dans le Bon Coin pour vendre une moto passez votre chemin. Les secousses perçues lorsqu'il change de vitesse lui a certainement secoué le ciboulot .

Que la méthode soit employée en compétition pour éviter les temps morts débrayage/embrayage passe encore, les rapports sur ces motos sont rapprochés donc le delta des vitesses de rotation des pignons est plus faible. Et puis de toutes façons à chaque course on change des pièces...