Le Figaro : "Pain au chocolat ou chocolatine : le débat est clos"

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Pain au chocolat ou chocolatine : le débat est clos
Par Sami Biasoni -Publié  le 8 janvier à 07h00,   mis à jour le 10 janvier à 13h16  

Les exactions linguistiques continuent dans le quart sud-ouest de l’Hexagone. Que faut-il donc dire ?


Docteur en philosophie et diplômé en sciences cognitives de l’École normale supérieure, Sami Biasoni est également professeur chargé de cours à l’ESSEC et conférencier. Il a dirigé en 2022 l’ouvrage collectif Malaise dans la langue française et a publié Le statistiquement correct aux Éditions du Cerf en septembre 2023.

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On a cru, un jour de janvier 2020, que dans le tumulte à peine éteint des heurts gastronomiques opposant les défenseurs de la galette des rois et ceux du « gâteau des rois », l’âpre controverse autour de la chocolatine était enfin tarie. Guillaume Gomez, ancien Chef des cuisines de l’Élysée, MOF, Chevalier de la Légion d’honneur, de l’ordre national du Mérite, de l’ordre des Palmes académiques, Officier de l’ordre du Mérite agricole et surtout – dans le domaine qui nous intéresse – Officier de l’ordre des Arts et des Lettres – a en effet versé une pièce décisive au dossier : dans une publication tonitruante sur les réseaux sociaux, l’ambassadeur pour la gastronomie cite le grand chef Gaston Lenôtre qui, en 1976, précisait qu’une chocolatine n’était autre qu’un « fond de succès garni de mousse au chocolat », soit un fond de biscuit meringué tartiné de chocolat. 
La messe lexicale aurait dû être dite.

Pourtant les exactions linguistiques continuent dans le quart sud-ouest de l’Hexagone (et dans quelques contrées canadiennes aussi belles que lointaines). Un sondage Ifop réalisé pour la Fédération des entreprises de boulangerie en 2019 précise pourtant que 84 % des Français utilisent la dénomination « pain au chocolat » et que, même en Occitanie, ils sont une majorité à le faire (53 %). Mais, de Toulouse à Bordeaux, de Pau à Biarritz nombreux sont ceux dont le déni ne s’étiole pas. Pire, il paraît enfler. D’après le linguiste Mathieu Avanzi, spécialiste des dialectes et des expressions régionales, l’émergence d’une « certaine fierté » expliquerait cela[1]. Il s’agirait avant tout d’un « marqueur identitaire et affectif ».

Une liqueur ou un bonbon chocolaté

Dans le souci de l’unité d’une nation fracturée, il est néanmoins temps de réconcilier un peuple autour de l’une des plus belles pièces de son patrimoine pâtissier.

Rappelons en premier lieu que les plus grands experts en la matière confirment l’usage, ce qui, d’ordinaire suffit à consacrer un terme en linguistique : ainsi Guillaume Gomez affirme-t-il que « même à Bordeaux… ils ont des bons PAINS AU CHOCOLAT [sic] » (post sur X du 21 janvier 2022) ; ainsi Gilles Pudlowski, l’un de nos meilleurs critiques gastronomiques, rappelle-t-il au chef militant Michel Sarran que ce qu’il prenait pour une chocolatine est en fait « bien un pain au chocolat » (post sur X du 24 mars 2023). Le Dictionnaire de l’Académie française ne reconnaît que « pain au chocolat », les manuels de référence de français langue étrangère également. Les ouvrages pédagogiques et les référentiels d’évaluation plébiscitent la forme « pain au chocolat ». Les textes culinaires, depuis plus d’un siècle, ne s’y trompent pas non plus. 

Fait presque troublant : l’Atlas linguistique de la France (ALF) de Gilliéron et Edmont (1902-1910) semble même parfaitement méconnaître l’appellation « chocolatine ». En revanche « chocolatine » désigne, dans diverses revues et gazettes du XIX^e siècle que nous avons pu consulter, une liqueur ou un bonbon chocolaté ; rue Vivienne à Paris on pouvait déguster, chez le chocolatier Perron, « ses chocolatines et ses dragées[2]  », qui étaient « la plus exquise, la plus délicate friandise ». Point de pâtisserie cependant.

Une brève enquête étymologique nous révèle deux hypothèses concurrentes - toutes deux contestables - quant aux origines de l’association de ce terme au pain au chocolat. La première serait une déformation de l’anglais « chocolate-in » (« chocolat à l’intérieur ») héritée du temps de la présence britannique en Aquitaine au Moyen Âge. La seconde indique une dérivation, par apocope, de l’allemand « Schokoladencroissant », terme qui aurait désigné une pâtisserie proche de celle que nous connaissons aujourd’hui lors de son importation par des boulangers autrichiens des viennoiseries – d’où l’origine de ce mot – à Paris. Il est en revanche plus probable que la popularisation régionale récente du terme « chocolatine » ait trait à l’influence du parler occitan qui comporte, dans ses différentes formes dialectales (gascon, provençal, etc.), un suffixe diminutif ou féminin en -ine (-ina ou -ino en occitan).

Pains, pâtés et tourtes

D’aucuns évoquent la glottophagie du terme « pain au chocolat » sur celui de « chocolatine », c’est-à-dire l’action de l’idiome dominant visant à faire disparaître ses concurrents, pour justifier la nécessité d’une résistance de l’emploi du second face aux assauts du premier. D’un point de vue historique cette récrimination paraît infondée puisque « chocolatine » ne semble pas être une résurgence d’un emploi ancien que l’on aurait réprimé. Quant à ceux qui vont jusqu’à évoquer une forme de glottophobie parisianiste, ils ont, pour les mêmes raisons, manifestement tort. La norme prescriptive « pain au chocolat » prévaut surtout parce qu’elle est ancienne et techniquement établie.
Pour s’en convaincre, référons-nous à Antonin Carême, pâtissier impérial, « roi des chefs et chef des rois » au début du XIX^e siècle. Dans plusieurs traités de cuisine de référence, il distingue très clairement les pains, des pâtés et des tourtes. La famille des pains désigne, au sens large, toute préparation à base de pâte (à pain, au lait, levée, etc.) sans enveloppe et le plus souvent fourrée : les pains aux amandes ou de noisette, les pains génois faisaient et font partie de cette catégorie.

À cet égard, les boulangers bravaches de Toulouse que l’on voit parfois mettre malicieusement des carrés de chocolat dans des morceaux de baguettes, ne devraient-ils pas être perçus, non plus comme des résistants, mais comme des incendiaires de la grande tradition française ! Et ceux, à Bordeaux ou à Pau, qui vendent des chocolatines à 1 euro et des pains au chocolat à 3 euros ne seraient-ils pas du même acabit ? Probablement pas, malgré tout. Il faut leur accorder la tendresse et l’amitié que l’on concède à ceux qui défendent les causes perdues… surtout lorsque ces dernières ont trait aux belles identités de nos régions.

En outre, nous savons réaliser de belles alliances entre Paris et ce Sud-Ouest que nous chérissons tant : il est évident pour nous, ensemble cette fois, que l’on écrit à la mine d’un crayon à papier, et non pas avec un problématique crayon de papier (le crayon étant fait de bois), encore moins avec un crayon gris (quel manque de précision descriptive). Que dire encore de cet abracadabrantesque crayon de bois qui serait manié dans le Nord ?

Quant à ceux qui prétendent que « pain au chocolat » a le défaut d’être mal traduisible en langue étrangère et que cela plaiderait pour l’emploi de « chocolatine », ce sont les mêmes qui prônent l’emploi de la dénomination « escargot au raisin » en délaissant sciemment celle, théoriquement plus logique, de « raisintine » – il est cependant vrai que nombre de nos voisins font aussi référence au gastéropode ou à une spirale pour désigner le « pain aux raisins ». Mais la pâtisserie appartient désormais à la tradition culinaire française, c’est pourquoi il est vain de vouloir traduire ce qui a un nom : laissons le cookie s’appeler ainsi et attendons des allophones de faire comme les Britanniques : renoncer à appeler le « pain au chocolat » autrement que par son vrai nom, dans sa langue d’origine, le français.

Lors du traditionnel discours de la « galette de l’Épiphanie » qui a été prononcé en janvier 2024 à l’Élysée, le Président de la République a lui-même fini par confesser, au sujet de la discorde qui nous occupe : « chez moi, on dit ^« pain au chocolat ^», je dois bien le dire ». Pour 21% des Français au moins, la messe est, cette fois, définitivement dite.

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[1] G. Mosna-Savoye, Glottophagie : pourquoi reprenez-vous les gens qui disent « chocolatine » ?, France Culture, 22 mai 2023.
[2] Réclame du Journal de Villefranche, 16 octobre 1858.

Boris, 

Tu aimes vivre dangereusement... Les deux Admins sont dans le S-O... 

Je crois que je vais te bannir quelques mois... 




Ne dites pas à ma mère que je suis co-admin chez FGI Elle croit que je suis gogo-dancer dans un bar gay

 

Salut Christian !

Évidemment, j'aurais dû ajouter à la fin de cet article que la citation de l'actuel locataire de l'Elysée suffisait à invalider cette théorie fumeuse !!

V

Pffffffff!!!!! Si on commence à croire tout ce qui est écrit dans les journaux......

OUFFFFFFFFFFFF  ENFIN LA VERITE .....

 DESOLER POUR CEUX ET CELLES QUI Y CROIAIENT ENCORE   

  UN ANONNYME  AMOUREUX DES PAINS AUX CHOCOLAT

   

Je venais juste de lire l'article mais Boris m'a devancé 
Enfin on connaît la vérité 
Ils doivent être tristes les sudistes 

capitainecave a écrit:Je venais juste de lire l'article mais Boris m'a devancé 
Enfin on connaît la vérité 
Ils doivent être tristes les sudistes 

Salut amigo! 
Une petite précision quand même : Il ne s agit que de la petite minorité du Sud Ouest!
Dans le Sud Est on leur donne leur vrai appellation : Pain au chocolat.

Les gars et les filles du Nord qui viendront à la visu en Ariège devront prêter allégeance à la CHOCOLATINE.... Ben sinon... Ne venez pas

Kiss