L'industrie moto appelle à l'aide

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par Alexis Ferrant | 05.06.2020

L'industrie moto appelle à l'aide

Des stocks de motos Euro4 à vendre

Un tiers d'immatriculations en moins sur les premiers mois 2020 malgré un début d'année exceptionnel



L'année avait parfaitement débuté au niveau des ventes de deux-roues motorisés avec des résultats en hausse sur les principaux marchés lors des mois de janvier et février. En France, le marché des 125 cm3 et plus progressait ainsi de plus de 20% par rapport à 2019, annonçant une année exceptionnelle pour les ventes de motos et l'une des plus belles années pour tout le secteur moto.

Puis la crise sanitaire liée au coronavirus est arrivée et avec elle le confinement et des mesures restrictives qui ont mis les usines et les économies sous cloche, paralysant totalement les activités industrielles et commerciales.

Dès lors, les cinq principaux marché européen de motocycles (la France, l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne et le Royaume-Uni) ont connu d'importants revers. En mars, l'activité a ainsi chuté de 39,6% par rapport à 2019. Puis les immatriculations se sont réduites de 74,9 % pour le mois d'avril avec jusqu'à -97% enregistré en Italie ! Depuis le début de l'année, les ventes ont ainsi reculé de 32,7 % malgré le bon démarrage hivernal. Le segment des cyclomoteurs suit la tendance mais chute un peu plus avec un recul de 37,9% au cumul des quatre premiers mois de l'année.

On arrive actuellement au paradoxe de l'absence totale de vente pendant deux mois et des clients qui ont commandé et payé leur moto qui ne les reçoivent pas en France.

Antonio Perlot, secrétaire général de l'ACEM :

"Avec le redémarrage progressif de l'activité, les chiffres des trois prochains mois nous donneront une vision plus claire de l'impact final du Covid-19. Néanmoins, il est déjà clair que 2020 sera une année très difficile pour le secteur avec des perturbations extraordinaires sur l'activité des constructeurs, des concessionnaires et des fournisseurs."

Alors que la nature saisonnière du marché de la moto voit la majorité des ventes se faire durant le printemps, l'impact de la crise a placé les concessionnaires moto européens ainsi que les constructeurs motos sous un pression financière considérable, avec des vagues de licenciements attendues. En plus de cela, les points de ventes se retrouvent maintenant avec un surstock de véhicules certifiés Euro4 qui ne pourront bientôt plus être vendus.

Si l'industrie moto européenne salue le soutien apporté par les différents Etats Membres et par la Commission Européenne, elle demande désormais à cette dernière d'étendre la période de commercialisation des motos et scooters Euro4 afin d'éviter que les concessionnaires européens ne se retrouvent avec des centaines de milliers de véhicules invendables.

"L'ACEM et ses membres collaborent avec les administrations européennes et nationales pour trouver une solution au problème des excédents de stocks de véhicules Euro4. Cela nécessitera de revoir la législation pour garantir que les concessionnaires motos puissent se remettre des effets de la crise du Covid-19 à travers l'Europe."

bonjour

en clair, faut il comprendre des grosses soldes sur les Euros 4 neuves en stock?

Faut pas trop pleurer sur son sort : tout dépend par quel bout de la lorgnette on regarde ... :
... Mon exemple : moto (de série) de 26.000€ commandée en janvier dernier et toujours pas
livrée en ce 06 juin ... !!!

Quand on voit le tarif horaire pour la moindre révision, et le prix des pièces, on est en droit de se demander comment il est possible qu'ils aient des problèmes financiers.
Pour exemple, une sacoche de Goldwing 2012 tarif au 21-05-2019 : 1657.68 TTC
Main d'oeuvre atelier 1 heure : 178€ TTC

C'est le devis de Moto Bastille

Alors, désolé si j'hésite encore un peu à verser une larme pour eux

Didier,

Ce n'est pas parce que tu estimes que le prix de vente t'est trop chère qu'ils s'en mettent "plein les poches".

Il faut se rappeler que pendant que les prix de nos bécanes augmentent (prix de fabrication + marge du fabricant) le coût de la main d’œuvre aussi. Non pas parce qu'il y a eu des augmentations de salaires mais parce que les charges (salaires, loyers, chauffage, taxes en tout genre, formation et sécurité du personnel) augmentent aussi.

On a donc ce qui suit:
- Une baisse des ventes du neuf (parce que notre niveau de vie n'est plus le même), donc moins de marge brute.
- Moins d'heures en atelier, donc moins de personnel ... pour les mêmes raisons ci-dessus.
Mais tout cela avec un coût financier fixe qui augmente chaque année.

Les concessions ont donc à faire face à la situation suivante:
- Trouver la même marge sur les ventes (marge brute) afin de faire rentrer ce qu'il faut pour palier aux différentes augmentations des charges et taxes, sinon ils vont tout droit dans le mur ... et cela même sans la COVID.

Lorsque l'on réduit le personnel dans l'atelier parce que la conjoncture en a décidé ainsi et que dans la même période les taxes et charges augmentent, tu peux imaginer que le prix de l'heure doit augmenter ... aussi parce que le coût en % des improductifs (Assistante et généralement le chef d'entreprise ou directeur d'établissement) se retrouve plus élevé du simple fait que l'on a baissé le nombre d'heures travaillées en atelier et que l'on a vendu moins de bécanes.

Mon explication est assez schématisée mais c'est la réalité. Je ne prend pas partie pour les concessionnaires et fabricants car je n'en suis pas un, mais je me retrouve aujourd'hui dans ce même dilemme sur le réajustement du taux horaire de mes salariés et pour ces mêmes raisons.

Baroudalsace a écrit:
Alors, désolé si j'hésite encore un peu à verser une larme pour eux

J'aurai tendance à être du coté de Didier ( Alsace ). Si je prend la Rochelle comme exemple ce sont un ou deux propriétaire qui détient l'ensemble des concessions motos. C'est la même chose dans le 77 avec Gauvin moto. Ils ont su à un moment racheté toutes les marques en asphyxiant les indépendants.
C'est triste pour les ptits dernier embauché et les apprentis qui seront les premiers à en pâtir.

DenisFont85 a écrit:

Baroudalsace a écrit:
Alors, désolé si j'hésite encore un peu à verser une larme pour eux

J'aurai tendance à être du coté de Didier ( Alsace ). Si je prend la Rochelle comme exemple ce sont un ou deux propriétaire qui détient l'ensemble des concessions motos. C'est la même chose dans le 77 avec Gauvin moto. Ils ont su à un moment racheté toutes les marques en asphyxiant les indépendants.
C'est triste pour les ptits dernier embauché et les apprentis qui seront les premiers à en pâtir.

C'est un point de vue qui se défend complètement ... j'y adhère en partie seulement car ne peux détacher les raisons économiques très factuelles qui touchent toutes les petites entreprises aujourd'hui.

DenisFont85 a écrit:

Baroudalsace a écrit:
Alors, désolé si j'hésite encore un peu à verser une larme pour eux

J'aurai tendance à être du coté de Didier ( Alsace ). Si je prend la Rochelle comme exemple ce sont un ou deux propriétaire qui détient l'ensemble des concessions motos. C'est la même chose dans le 77 avec Gauvin moto. Ils ont su à un moment racheté toutes les marques en asphyxiant les indépendants.
C'est triste pour les ptits dernier embauché et les apprentis qui seront les premiers à en pâtir.

Même probleme à Caen. Le village moto appartient au même propriétaire, qui regroupe Yam, Kawa, Susuk, KTM et BMW. Il a perdu Honda dernièrement je ne sais pas pourquoi. Donc un gros monopole qui suis celui qu'il a sur les marques de voiture...
Donc si je plein ceux qui y travaillent, je suis loin d'essayer mes larmes pour le concessionnaires regroupant autant de marque 2 et 4 roues.

dagobert a écrit:

DenisFont85 a écrit:

J'aurai tendance à être du coté de Didier ( Alsace ). Si je prend la Rochelle comme exemple ce sont un ou deux propriétaire qui détient l'ensemble des concessions motos. C'est la même chose dans le 77 avec Gauvin moto. Ils ont su à un moment racheté toutes les marques en asphyxiant les indépendants.
C'est triste pour les ptits dernier embauché et les apprentis qui seront les premiers à en pâtir.

Même probleme à Caen. Le village moto appartient au même propriétaire, qui regroupe Yam, Kawa, Susuk, KTM et BMW. Il a perdu Honda dernièrement je ne sais pas pourquoi. Donc un gros monopole qui suis celui qu'il a sur les marques de voiture...
Donc si je plein ceux qui y travaillent, je suis loin d'essayer mes larmes pour le concessionnaires regroupant autant de marque 2 et 4 roues.

  tlm,

Il y a peut-être une raison à tout cela, purement économique!... Je pense qu'ils ont du faire un choix à un moment donné... Vivre ou mourir. Ils ont choisi de vivre!!!... Et puis il ne faut pas oublier que ces "gros" ont été "petits". On ne peut pas leur en vouloir d'avoir un peu d'ambition!!!

... j'ai le même avis que toi Claude. Lorsque l'on est trop petit non seulement on se fait attaquer sur les prix par les plus gros et nos clients nous catégorisent en voleurs ... lorsque l'on grossit pour y faire face on nous dit que nos dents rayent le parquet. ... va savoir Germaine  !

Bonne soirée à tous !  
Jife

cidji a écrit: On ne peut pas leur en vouloir d'avoir un peu d'ambition!!!

Je ne leur en veux pas mais je ne vais pas pleurer non plus.

Le point de vue du Repaire 


par David Morcrette | 09.06.2020 à 07:00

En 2021, ils nous feront des motos comme jamais

L'année prochaine, on aura les motos les plus géniales depuis un siècle. Tous ces ingénieurs bloqués à la maison vont nous concocter un millésime exceptionnel : ils n'ont pas le choix.


En 2021, ils nous feront des motos comme jamais (c) photo : Nizam Abdul Latheef

Je rends un hommage anticipé à tous ces ingénieurs et ingénieuses coincés chez eux qui nous ont mitonné pour le prochain millésime des motos absolument géniales, débarrassés comme ils le furent pendant deux mois de leur chef de service tatillon et maniaque.

Z'allez voir ce que vous allez voir ! Ils vont nous chiader l'ergonomie des contacteurs, placés pile-poil pour qu'on ne se fasse pas mal au poignet, nous dessiner des rétros harmoniquement équilibrés qui ne vibrent jamais, des béquilles latérales à axes à méplats et goussets qui ne se replient pas quand on se gare le nez dans la pente, des tableaux de bord qui pivotent pour ne pas être éblouis par la vitre quand on a le soleil juste derrière l'épaule, des selles à silent blocs interchangeables pour les courts sur pattes ou les grandes perches -d'origine, je précise et ainsi de suite. Ça va être un grand panard et pour expliquer tout ça, les essais dans la presse moto revenue en kiosque feront à nouveau cinq pages et sans un seul photomontage.

Côté moteur, ils vont enfin nous sortir des cartographies où il y aura un mode "comme avec des carbus", avec juste ce qu'il faut d'aléatoire le long de la courbe de couple pour retrouver des moteurs vivants. Artificiel ? Sans doute, mais les carbus c'est foutu, faut pas se battre. Ils nous auront aussi développé un régulateur de vitesse simplissime à un seul bouton, placé pile là où il faut sur le commodo de droite, sous la commande de warnings.

Tous ces kinés qui n'ont plus eu le droit d'exercer leur ont donné de sérieux conseils sur la manière de concevoir une selle qui ne fait pas mal au cul au bout de 20 bornes tout en étant agréable à regarder.

Ils ont aussi fait un lobbying débridé auprès de la Grosse Commission pour que, justement, on débride les 125. Enfin… débride un peu, reste calme. Par exemple 19 chevaux. Quatre petits chevaux qui font une sacrée différence sur la route. Plus besoin d'être tout planqué derrière le compteur pour prendre 120. 120, c'est la vitesse de croisière et plus la vitesse max chrono les jours de vent arrière. Ouf !

Et ce n'est pas fini ! Ça pourrait être encore mieux.

Remarque qu'ils n'ont pas trop le choix, s'ils veulent sauver leur job. La demande pour les conducteurs de lignes de fabrication, les ingénieurs développement software embarqué et les régleurs de machines-outils s'est faite rare ces dernières semaines. Il n'est pas dit que tous retrouvent le chemin de l'usine quand ça se sera calmé. Relancer une ligne d'assemblage prend beaucoup plus de temps que de l'arrêter, même quand l'arrêt s'est fait proprement. Certains équipements supportent mal de ne pas fonctionner à leur température optimale en permanence, comme les machines d'injection de plastique. D'autres nécessitent une maintenance constante ou une atmosphère contrôlée.

Enfin, le gros, l'énorme problème est la dépendance à la sous-traitance. Suzuki ne sort aucune moto si Denso lui fait faux-bond. Honda est à l'arrêt sans Michelin. Et ainsi de suite. Je te l'ai déjà expliqué : un petit grain de sable dans la machine et tout s'arrête le temps que le flux soit rerouté, ce qui coûte fort cher. La logistique moderne, c'est un peu comme une moto de course : très performante et rapide quand tout va bien, mais incapable de tourner correctement dès qu'un seul paramètre se dégrade.

Ici, j'avais prévu un paragraphe commentant les chiffres donnés par l'ACEM, mais à la relecture c'était à peu près aussi passionnant à lire qu'un protocole médical (ou un proctologue médical).

Donc je vais me contenter d'exprimer ma plus vive sympathie à l'égard de tous ceux qui bossent en concession et dans les petits bouclards: en un mot comme en cent, z'avez pas fini d'en baver et faut pas trop compter sur Matignon pour vous tenir la clef de 10.

J'aimerais pas être distributeur Kymco-Mash-Orcal dans une sous-préfecture de la Creuse en ce moment…