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La Fin du Monde est pour cette aprème

par Koud'Pied o'Kick | 08.11.2022
La Fin du Monde est pour cette aprème
À lire les actualités, j'ai l'impression d'une suite de prédictions à la Nostradamus
Est-ce une manière de ne pas attendre sans rien faire la Fin du Monde ?
À lire les actualités, j'ai l'impression d'une suite de prédictions à la Nostradamus. Puis la date annoncée de la Fin du Monde passe et... rien n'arrive. Mais fort heureusement le soir même une nouvelle date pour la Fin du Monde est annoncée. Alors ouf ! On peut re-paniquer.

La Fin du Monde est pour cette aprème (c) photo : Alina Vilchenko
Avec les motos, ce sont les rumeurs folles à propos du prochain modèle de chez Trucmuche, qui aura un moteur à plasma, des rétroviseurs laser de série, un générateur à effet Cherenkow et deux cents chevaux à tous les tours/minutes ; pour se retrouver finalement avec un énième twin parallèle double arbre de 80 chwô, plus une version A2. Mais fort heureusement, Bidule va sortir prochainement -rumeurs ! photos volées ! - une moto attendue avec beaucoup d'impatience, munie d'un moteur à calage Powerslurp, décapotable, avec freins à leviers au carbure de mycélium (en vrai : un twin de 80 chwô + A2, donc).
Pareil avec le pétrole. La moindre pétouille au Moyen-Orient et les pétrologistes officiels bondissent sur les plateaux télé pour expliquer, l'air tragique, que ça "pourrait" atteindre un prix astronomique d'ici la mi-juin. Ou pas. Mais on devrait quand même vachement baliser parce que -rendez-vous compte !- 200 dollars le baril ! 200 dollars ! Ou peut-être pas. Ces gens-là adorent se coller la frousse et tentent par tous les moyens de la refiler aux autres.
Six mois plus tard, le pétrole a vaguement clapoté aux alentours de cent trente balles à Londres (où Tötâââl n'achète pas son pétrole de toute façon). Les pétrologistes officiels sont rentrés chez eux après avoir touché leurs chécos ; ils guettent la prochaine pétouille au Moyen-Orient qui va leur donner l'occasion de revenir sur les plateaux expliquer que ce coup-ci, c'est sûr-sûr-sûr, ça va atteindre les deux cents dollars, c'est super grave ; paniquez, s'il vous plaît ?
Je pourrais multiplier les exemples : la banquise, la moutarde, le PQ, les pneus neige, le charbon pour cet hiver, les barrettes mémoire pour ordinateur, les motos neuves, le doliprane, les billets de banque aux distributeurs, les bicyclettes électriques, les cartes graphiques...
Les ressorts sont transparents : il y a d'un côté les victimes (le plus souvent : nous, les gentils) et de l'autre les méchants, parfois étrangers, de toute façon pas comme "nous".
Entre ces deux camps opèrent des mécanismes et des systèmes nébuleux, trop complexes pour être expliqués au commun des mortels -comme le répètent les zexpères pourtant payés pour "décrypter". N'essayez pas de comprendre : puisqu'on vous dit que c'est super-super compliqué ; croyez-nous sur parole épicétou.
Enfin, il est apparemment impossible de faire quoi que ce soit pour changer la donne : les zexpères, impuissants, restent dans le constat. Contre la hausse de ceci, les pénuries de machins ou la baisse de cela, il n'y a rien à faire. C'est la faute à la fatalité et pas du tout à des lois taillées sur mesure ou à un lent travail de sape réglementaire.
Dans le fauteuil à côté du zexpère, trône le Yaka, dont le rôle consiste à donner l'illusion d'un débat. Grand brasseur de vent, si on le plantait devant une éolienne on aurait enfin inventé le mouvement perpétuel. Il est payé pour répéter que Yaka, que des "solutions" existent. Mais seulement si celles-ci sont inefficaces, inapplicables ou carrément pires que le mal lui-même.
C'est qu'il ne faudrait surtout pas que le populo se pose des questions et s'imagine qu'il pourrait trouver une réponse dans son coin, sans rien demander à personne. Cela ferait immédiatement trois victimes qui n'ont pas du tout envie d'appliquer à elles-mêmes les recettes qu'elles voudraient imposer aux autres : le zexpère, le Yaka et celui chargé de leur tendre le micro. Bah... ils pourront toujours faire footballologue ; on n'a jamais assez de footballologues, apparemment.
Pour le pétrole, ça va être tendu de planter une raffinerie dans son potager. Mais pour le reste... faudrait voir. Ne serait-ce que pour le petit délice que ce serait d'apprendre qu'on a mis un zexpère au chômedû.
Pour ma part, j'en reviens à des questions très simples : de quoi ai-je besoin ? De quoi puis-je me passer sans effort ? Est-ce que je vais vraiment louper quelque chose en passant d'une bécane de 100 chwô à pneu arrière de 180 qui tient à peine 8.000 bornes vu le couple moteur, à une machine de 60 bourrins, plus légère, à vidanger tous les 12.000, montée d'un 160 qui tient jusqu'à la révize en faisait un peu attention. En procédant ainsi, fais-je un pas en arrière ou un pas de côté ?
Est-ce une manière de ne pas attendre sans rien faire la Fin du Monde qu'on nous annonce pour après-demain depuis deux ans ? Ou au contraire un moyen illusoire de retarder ce qui, de toute façon, va nous tomber sur le coin du pif ?

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Vous avez changé le kit-chaîne ?

par Koud'Pied o'Kick | 15.11.2022 à 07:30
Vous avez changé le kit-chaîne ?
La vente de motos entre particuliers est un sport de combat.
On tombe parfois sur des phénomènes qui laissent sans voix.
Le type tourne autour de Lapin-Lap1. Il sort une feuille arrachée d'un bloc-notes de sa poche ; une liste façon pense-bête. Je laisse faire : la vente entre particuliers est un kabuki, le genre de théâtre japonais, très codifié. Le silence est parfois le meilleur argumentaire de vente.

Kronik : Vous avez changé le kit-chaîne ?
Après deux bonnes minutes de rotation à tripatouiller ma machine, il se tourne vers moi, pointant un item sur sa liste :
- Vous avez changé le kit-chaîne récemment ?
- Le kit-chaîne ? C'est un scooter : il n'y a pas de kit-chaîne.
- ...
- Il n'y a pas de kit-chaîne : c'est une transmission par variateur.
- ...
- Une transmission par variateur. Par courroie. À changer tous les 24.000 kilomètres.
- Oui, mais... vous avez changé le kit-chaîne ? répète-t-il en pointant du doigt la ligne sur son pense-bête.
Je fais le tour de Lapin-Lap1, lui montre le carter de transmission et répète :
- Il n'y a pas de kit-chaîne. C'est une courroie. Pas de graissage, pas d'entretien. Il y a juste à la changer selon les préconisations de Honda.
- Oui, d'accord, je comprends bien... mais le kit-chaîne ? Il est changé ?
(je te jure que je n'invente rien)
Sinon il y a le classique :
- Bonjour, votre scooter est toujours en vente ? Non parce qu'il est bien, mais il est vraiment trop cher. Moi je veux bien aller jusqu'à 3.200 euros, mais pas plus. Ça vous va ?
J'ai échoué dans ma tentative de ne pas lui rire au nez. Mais peut-être vais-je le regretter dans quatre mois quand Lapin-Lap1 continuera de prendre la poussière dans le garage. Va savoir...
D'habitude, quand je me pignole, c'est seul devant mon ordinateur. Mais certains préfèrent faire ça en public :
- Ah, j'hésite... je ne sais pas trop. Parce que moi, ce que je cherche, c'est le compromis parfait entre ville et route. Pratique et léger, mais qui avance quand même, vous voyez ? Avec une bonne protection, une consommation pas trop élevée, des rangements, mais il faut quand même avoir des sensations de conduite. Alors je me disais que j'allais m'acheter une Z800, mais on en voit partout, alors j'ai pensé à une Triumph, mais je ne suis pas trop sûr, question fiabilité. Vous en pensez quoi, vous ? Ou sinon je me prends un trail routier, parce que j'aime bien la position de conduite. Vous en pensez quoi ?
Les séances de psychanalyse gratuite sur un bout de trottoir, j'adore.
- Allô ? Oui, alors je veux bien monter à 3.300 euros, mais là c'est mon dernier prix, hein ? Ça marche pour 3.300 euros ?
- Allô ? Oui, c'est Jacques F. à l'appareil. Pour le scooter.
- Oui, bonjour.
- On s'est vu hier.
- Oui, je me rappelle. Bonjour.
- On s'est vu hier pour le scooter, vous vous rappelez ?
- Oui, oui.
- Bon alors j'ai bien réfléchi et j'ai vu avec ma femme. En fait, ce qui ne me va pas, premièrement, c'est qu'il n'y a pas de place pour emporter un casque. C'est ça qui me bloque, surtout.
- Un casque intégral tient sous la selle et il y a le top-case.
- Oui, mais on ne peut pas mettre les deux sous la selle. Vous voyez mon problème ?
- Heuh... non ?
- Et sinon, deuxièmement, je pense que l'autonomie va être trop juste si je décide de voyager avec. J'aimerais bien l'acheter, hein. Mais ça va être trop juste.
- ...
- Et puis, troisièmement, je me dis qu'en ville, ça va être compliqué à garer, sans béquille centrale.
- Il y a une béquille centrale.
- Ah... Mais quand même, ça risque d'être compliqué à garer. Alors voilà, c'est ça qui me bloque : premièrement, le fait que je ne peux pas mettre de casque sous la selle, deuxièmement que l'autonomie va être trop juste et troisièmement que ça va être compliqué à garer en ville.
Tu pouvais simplement me dire : 'je ne suis pas acheteur', Jacques. Tu n'avais pas besoin de me sortir une liste d'excuses mal ficelées. Juste dire : 'non merci', ça suffisait.
- Allô ? Ah, vous êtes dur en affaires, quand même, vous. Allez ! Vous changez la batterie et je vous le prends pour 3.350 euros. D'accord ?

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Re: La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards

Malheureusement des méthodes identiques pour tout ce qui se vend sur le Net, vous aurez beau écrire en gros le prix, la taille ou autre renseignement, il y aura toujours un couillon pour vous posez des questions stupides !
Et ça marche aussi dans l'autre sens où on ne vous donne pas d'information sur le produit vendu... !
Société devenue bien difficile à comprendre.

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A bientôt !
"Aides toi, le ciel t'aidera"
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Le Père Noël a lu vos publications toute l'année. La plupart d'entre vous recevront un dictionnaire.

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Re: La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards
Excellente... Et tellement réaliste
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Les ZFE, c'est la mort des bouclards

par Koud'Pied o'Kick | 13.12.2022
Kronik : Les ZFE, c'est la mort des bouclards
Avec l'instauration des ZFE, les bouclards vont disparaître.
C'est certain : regarde leur clientèle et les motos qu'ils entretiennent.
Quelle misère.

Les ZFE, c'est la mort des bouclards (c) photo : William Matt
Les zones à air pur obligatoire qu'ils veulent imposer vont ruiner les bouclards en les privant de la clientèle et des motos qui les maintiennent tant bien que mal à flot.
Car qui vient au Bouclard ? Les sans-le-sou et les possesseurs de vieux clous dont aucun concessionnaire "officiel" ne veut plus s'occuper.
Quand les premiers se seront résolus à s'endetter sur quatre ans pour s'acheter une 250 fabriquée dans une zone franche démilitarisée par des prisonniers politiques (ya pas moins cher) et les seconds auront lâché l'affaire pour prendre du récent où sans valisette c'est cuit, qui sera encore client du Bouclard ?
Éric vient avec sa Ténéré 700 parce qu'avant il roulait en Super Té (la vraie, à carbus, pas la nouvelle qui ressemble à un poisson rouge étranglé) et s'était fait virer de la concession Yam' pour avoir suggéré de mettre un coup de soudure pour réparer son support de béquille fêlé. Comme il est rancunier, il vient au Bouclard pour l'entretien courant et file à Chalon pour ce qui nécessite un coup de valisette.
Tu as remarqué comme presque tout était standard côté carburation, avant ? Et que tout est devenu propriétaire depuis l'injection ? Avant, tu piochais dans le catalogue Mikuni, ou Keihin, ou Dell’Orto, ou chez les fabricants d'adaptable façon Dynojet. Avec un peu de connaissance, tu pouvais échanger ta rampe à dépression pour un modèle à guillotine, si tu voulais. Mais aujourd'hui ? Prise diag propriétaire, protocoles fermés : ya plus moyen de rien faire sans électronique (logique). Retoucher un poil le niveau de cuve, ajouter deux-trois points de gicleur en fonction de la météo, changer les aiguilles pour du plus pointu, le petit plaisir d'avoir "ton" réglage carbu, tout ça c'est terminé. Accessoirement, ça permettait de séparer les mécanos des baltringues. J'dis pas que l'injection c'est mal. Mais l'injection nous enferme.
Je me disais le week-end dernier que les bouclards, c'est comme la différence entre les marchés à l'ancienne et les supermarchés. Sur ton marché, tu croises un peu tout le temps les mêmes têtes, tu tombes sur des potes et tu vas boire un jus -tant qu'à faire, puisqu'on est là-, tu fais tes courses chez la mère Machin et le père Trucmuche plutôt qu'en face ; tu vois le truc ? L’aspect social des marchés ouverts n’est pas du tout accessoire : c’est ce qui le rend vivant.
Au supermarché ? Pffff... Déjà, t'as du bol si tu retrouves deux fois de suite la même caissière, alors de là à tailler bout de gras, mon pauvre... Juste le temps de dire bonjour et ya le pénible dans la queue qui rouspète que ça n'avance pas assez vite (preuve qu’on est drôlement pressés d’en partir).
Dans pas longtemps, il y aura même des caisses automatiques dans les concessions : tu achètes tes pièces en ligne, tu viens les chercher dans ton casier à Cul-ère-code et tu te casses sans avoir vu personne. Beurk.
Les bouclards, ce sont des lieux de vie où il est possible de lambiner sans passer immédiatement pour une casse-bonbons (demande à ton vendeur ce qu'il pense des traîne-savates) ou un voleur en maraude. On y vient sans raison, parce qu'on s'ennuie un peu, parce qu'il y a du café (à peine tiède, touillé à la clef de contact et trop fort, mais c'est du "vrai" café), un bout de tabouret ou une pile de pneus pour s'asseoir et toujours quelqu’un avec qui discuter ou à qui filer un coup de main.
Va essayer de faire ça chez ton concess' qui s’est mis un crome de trois ans pour refaire la déco selon la dernière charte graphique. Imagine sa gueule si tu te ramènes avec une demi-douzaine de saucisses aux herbes "de chez Cruchet" et un reste de tarte à la rhubarbe maison à partager à midi. Ou si tu déboules à l’atelier leur proposer tes services pour remonter un embrayage ou déposer un carénage.
Ils ont autre chose à foutre : ils ont du "reporting", ils doivent faire du chiffre, remplir des trucs sur des ordinateurs. Tu verrais comment le Taulier a beuglé quand ils ont essayé de lui faire faire sa compta autrement qu'au crayon ; d'ailleurs il la fait toujours au crayon et ensuite il recopie dans l'ordi qu'il n'éteint jamais.
Ça va être aussi ça, les ZFE : la destruction de lieux tout à fait déplaisants aux yeux des fastidieux calibreurs de cure-dents de la Groß Kommission.
Tiens ! Pour faire chier les atterrants Bruxellois, ma prochaine moto sera à carbus. Ptète même deux-temps. Et j'vous proute.
Bouclard not dead !

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Mille motos par jour

par Koud'Pied o'Kick | 20.12.2022
Mille motos par jour
Il paraît que les ventes de motos vont mal. Que ça "baisse" -horreur !
Nous vivons la fin d'une époque.
Il paraît que les ventes de motos vont mal. Que ça "baisse" -horreur !
Les optimistes pensent que ça va remonter. Or, nous vivons la fin d'une époque.

Mille motos par jour (c) photo : Kelly
Certains disent que c'est Lafôtàpoutine. Les naïfs. Non, la vérité toute simple c'est qu'il y a moins de tonneaux de pétrole par an par être humain vivant sur Terre. S'tout.
Il faut ajouter à cela un effet psychologique intéressant, qui porte sans doute par ailleurs un nom savant mais que j'appelle "l'effet cliquet". Le constat est qu'il est très difficile de revenir en arrière. Que si ton appart' est initialement chauffé à 17 puis que tu montes à 19, réduire à 17 de nouveau demande un effort. Que si tu roules sur une moto qui présente un certain rapport poids/couple, il est difficile de revenir à une valeur inférieure. Qu'une baisse de salaire est délicate à assimiler, même si la rémunération correspond à ce que tu trouvais confortable il y a trois ans à peine.
Or, moins de pétrole signifie moins de bidules, moins de chaud, moins de froid, moins de bouffe dans le chariot, plus de files d'attente, etc. Nous n'aimons pas attendre ou avoir trop chaud ou trop froid parce que le pétrole nous donne la possibilité -très nouvelle !- d'agir sur ces paramètres.
Moins de bidules, tu le sais déjà ou tu l'as appris ces derniers mois, signifie l'impensable : plus un seul pot de sauce Machintruc en rayon. Ou sept mois d'attente pour obtenir livraison de la moto de tes rêves -alors qu'avant c'était l'affaire de trois semaines. Et encore. Faut pas être trop regardant sur la couleur dispo, sans même parler d'une éventuelle négo tarifaire : tu seras déjà bien heureux si tu touches ta moto avant le printemps prochain.
Pourtant, je regarde les chiffres et je reste effaré par ce qu'ils impliquent. Pense donc : rien qu'en France, tous les jours, mille motos sont garées le matin sur un grand parking imaginaire. Le soir, elles ont toutes disparu. Et le lendemain, cela recommence : mille motos apparaissent sur le parking et le soir elles ont trouvé acquéreur. Elles partent par la route en faisant pout-pout-pout.
Arrête-toi trois secondes pour imaginer ça : un parking de mille places. Mille motos de tous types, de toutes les couleurs. Toutes neuves. Bien rangées dans leur caisse en bois et alu, recouvertes de plastique pour protéger la peinture, avec des pochettes pour les pièces à monter et la paperasse.
Et ça c'est un "mauvais" trimestre. Les bons trimestres, c'est mille deux cents, mille cinq cents motos par jour.
Je t'épargne le calcul en Europe : un demi million de motos en six mois. Vise un peu la tête du parking pour un demi million de meules. Je ne sais pas, moi : la surface de l'aéroport de Roissy, blindé de bécanes garées rétro contre rétro ? Tous les six mois.
C'est fou.
Non ?
C'est dans le rassemblement que la démesure de notre époque apparaît. Si on empilait en un même endroit toutes les tomates mangées en France en une année. Ou tous les pneus balancées à la benne (dont la pollution est minutieusement ignorée : faudrait pas fâcher l'autre, là). Ou tous les camions-citerne nécessaires à faire rouler toutes les bécanes. On en ferait une pyramide place de la Concorde et je pense qu'on resterait quelques minutes à regarder ça, un peu hébétés : hein ? ça fait tant que ça ?
(Pour ceux que ça choque/désespère/insupporte et s'interrogent, la solution est facile : clôture tes comptes en banque et agis en conséquence)
C'est quoi, la suite ? La suite, fort heureusement, ne ressemblera en rien à ce que les futurologues annoncent -j'attends toujours le nouvel âge glaciaire promis pour l'An 2000 dans les années 80.
J'ai pour ma part une seule certitude : un jour, le marché moto tombera à zéro. Il ne se vendra plus aucune moto sur Terre. A peu près au même moment, plus une seule moto ne roulera sur Terre.
D'un certain point de vue, ce sera le retour à la normale.

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Pour enfin faire taire ce connard

par Koud'Pied o'Kick | 27.12.2022
Pour enfin faire taire ce connard
Il râle tout le temps après tout
Il est sans cesse à l’affût, prêt à éructer après un clignotant oublié, un feu trop mûr, ou je ne sais quelle autre pétouille routière

Pour enfin faire taire ce connard (c) photo : Andrea Piacquadio
Il râle tout le temps après tout. Il est sans cesse à l’affût, prêt à éructer après un clignotant oublié, un feu trop mûr, ou je ne sais quelle autre pétouille routière. Je rêve de lui fermer sa gueule à coup de torgnole.
Putain : il me casse les couilles. Toujours, toujours à râler tout le temps après tout ce qui roule. Toujours à chercher la petite bête chez les autres. À relever, en comptable poussif, le nombre de caisses qui ne mettent pas leurs clicos dans les ronds-points ; celles qui roulent avec leurs feux de brouillard, les changements de file à l'arrache, les débiles au téléphone, les brise-burnes qui poussent pour gagner trois mètres.
En bon gros raciste, pour lui c'est "toujours les mêmes" : les collants connards en Porsche, les sempiternels pénibles pressés en Audi, les connasses diplômées en Mini ou en Fiat 500, les méga-relous en camionnettes de livraison, les zyva à casquette en Mercedes.
Et putain, les livreurs de bouffe à vélo qui roulent n'importe comment, la nuit, sans éclairage, sapés en noir. Les parfaits crétins qui doublent gaz en grand six bagnoles d'un coup -putain, les chevaux ça rend complètement con.
Ah ! Manquait plus que la catégorie king-size du gros bâtard sur roues, l'amateur de pick-ups ricains, garé comme un gros porc, roulant comme un gros porc ; un gros porc, quoi.
Mais le pire, le pire, c'est l'argousin. C'est le flic qui râle après tout le monde, tout le temps. Il ne peut pas s'en empêcher. La moindre pétouille. Le moindre écart par rapport au Code de la route et vlan ! C'est parti pour dix minutes de râlerie non-stop. Jusqu'à la prochaine pétouille.
Comme je hais le flic que j'ai dans la tête.
Comme j'aimerais lui faire fermer sa gueule.
Pour rouler peinard et laisser les autres rouler peinard.
Je ne sais pas trop d'où vient ma mentalité de flic. La trouille, peut-être. J'ai souvent la trouille, quand je roule. Parce que c'est fichtrement dangereux. Quand je monte en passager à côté de certains conducteurs, je me dis que c'est bien d'avoir confiance dans les autres, c'est même nécessaire, mais qu'une bonne grosse dose de méfiance par-dessus la couche de confiance ne peut pas faire de mal, bien au contraire.
Sans doute aussi parce qu'en mettant -apparemment- ma vie en danger, les autres me rappellent qu'elle ne tient qu'à un fil. Deux secondes d'inattention, une clope qui tombe des mains et qui roule sous le siège, le téléphone qui sonne au mauvais moment et boum ! Rideau.
Quand je croise un type ou une nana qui fait un truc franchement idiot ou carrément dangereux, j'ai beaucoup de mal à faire taire le Longtarin qui guette, avec son carnet à souche imaginaire.
Je me répète souvent que tant que ce n'est que du plastique cassé ou de la tôle tordue, tant qu'il n'y a pas de sang sur le bitume, ça n'est pas bien grave ; je peux passer outre ; ya pas mort d'homme -justement.
Mais putain, c'est dur de lui faire fermer sa gueule.
Peut-être justement parce que ça touche au vital, à la peur d'avoir mal, à la peur de mourir. À la frousse d’en ressortir paralysé, ou avec un bras ou une jambe en moins, sur un fauteuil pour le restant de mes jours.
C'est pour ça que j'aime bien le vélo, en ce moment : avec le froid et la pluie, les pistes cyclables se sont vidées. Je n'ai plus à cohabiter avec les pénibles pressés.
Ah, si ! L'autre truc méga-relou, c'est que mon flic a toujours raison. Il ne fait jamais d'erreur, lui. Jamais. Quand je fais une manœuvre limite, quand je passe un poil trop vite, ou quand je double carrément comme un gros connard, "c'est bon, ça passe tranquille" me susurre Longtarin à l'oreille. Mais pour le mec que je viens de doubler, je suis quand même un bon gros connard sur la route. Un de plus.
J'imaginais des stages façon "deux minutes de la haine" où l'on pourrait vider son sac, s'engueuler copieusement comme à un carrefour, latter des voitures ou des motos mises là tout exprès, coller enfin des pains dans la gueule d'un punching-ball et ouf ! repartir après ça, tout calmé, tout tranquille, un peu comme après cinq tours de circuit à donf'.
Ce serait bien si mon flic intérieur pouvait la mettre en veilleuse, certains jours.

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C'est bon d'en avoir une grosse ?

par Koud'Pied o'Kick | 10.01.2023
Kronik moto : C'est bon d'en avoir une grosse ?
C'est bien d'en avoir une grosse ? Je me demande...
Moi qui préfère les petites depuis tout petit.
Le monde est bientôt foutu, alors autant y aller à fond, non ?

C'est bon d'en avoir une grosse (c) photo : Gijs Coolen
Quand je roule sur une moto avec plein de chevaux, je deviens un épais connard. Je roule comme un enfoiré. Je n'y peux rien : les chwô, ça me rend débile. Il faut que je double le type qui se traîne devant moi. Je m'en foutrais des claques tellement je suis con.
C'est pour ça que j'ai toujours choisi de petites motos. 75 chevaux pour la plus "puissante" -et encore : c'était clairement une erreur dans la distribution des rôles. Ma moto préférée depuis tout ce temps ? Tondeuze. Une 125 deux-temps débridée de vingt chevaux et 130 kilos. À fond. Partout. Tout le temps. Le pied.
Mais peut-être que je fais fausse route. Peut-être qu'il faut faire l'inverse : rouler sur une bien grosse et bien velue ?
Par exemple une CBR 900. De préférence un modèle 2000 avec la jolie coque arrière, en jaune-noir-blanc. Parce que ce n'est pas une Gex' et pas non plus une R1, qui est un peu la T-Max des sportives.
Ou une ZX-9R parce que je n'ai pas eu de ZX6-R pour mes 50 ans donc j'ai droit à plus gros pour avoir patienté un an de plus, non ?
Que diable vais-je faire avec ? Probablement me traîner la teube à 90 en flippant pour mon permis, entre deux pétages de plomb derrière des types qui lambinent. Dans ce sens, je vais rouler comme la majorité des proprios de grosses motos qui poussent.
Mais en avoir une grosse, c'est aussi cesser d'ajouter des excuses en répondant à la question : "t'as quoi, comme moto ?".
"900 CBR".
Voilà.
C'est tout.
Tu peux te contenter d'un point final, après : tu as tout dit. Une 900 CBR te fait automatiquement une place parmi les "vrais" motards. Rien qu'avec sa cylindrée.
Avec une 750 c'est un peu moins vrai. Si tu roules en 600, tu es obligé d'ajouter une excuse pour expliquer pourquoi tu n'as pas plutôt une "grosse", une "normale", une avec plein de chwô. En dessous de 600, t'es juste un raté.
Il n'y a que les contrariens systématiques comme moi pour rétorquer :
"Ah, mon pauvre, je te plains".
Quand quelqu'un répond : "Une RS4" à la question : "Tu as quoi comme voiture ?"
(j'ai pris l'exemple d'une caisse pour froisser moins de gens ici, mais c'est juste pour faire poli)
Une 900 CBR, donc. Qui ne prendra jamais plus de 8.000 tours sinon en ligne droite. Qu'il faudra que j'emmène faire quatre tours à Prenois pour limer la bande de peur et passer pour un "vrai" -recommencer à chaque changement de train ; préparer l'excuse d'aller-retour à Paris ou à Lyon pour expliquer l'usure au carré ; penser aux embouts pour béquille de stand : ça fait "pro".
Je pourrai la garer au milieu du parking, en mode "je pose mes couilles où je veux", plutôt que de chercher à stationner là où ça ne gêne pas trop -excusez-moi... pardon... pardon... désolé... oups ! Désolé...
La seule fois où j'ai roulé un peu longtemps sur un quatre-en-ligne, c'était sur une Gex 600 ; je m'attendais à un truc inconduisible, un deux-temps mais encore pire... un vrai bide. Ça se conduit comme une caisse, tu peux arriver en quatre dans un rond-point et en ressortir sans y laisser tes molaires à cause des à-coups moteur. Limite déçu. Ouais, ouais, faut tirer après onze mille, mais... onze mille ? Sur route ? Vraiment ?
Donc plutôt une grosse, dont je rallongerai la démul' finale pour être bien entre 80 et 120. Je roulerai en sachant que j'ai des freins de compet', des pneus qualif' et des suspensions avec quarante-deux clics de réglage tout compris ; pourtant je l'utiliserai à trente pourcents de son potentiel (à tout casser) et ça sera déjà bien assez pour moi.
Comme ce ne sera pas une mototaf', je me fous un peu de son rayon de braquage d'immeuble en pierre de taille fin XIXe, pourvu que la consommation soit raisonnable et la position de conduite compatible avec mes cervicales croustillantes. Le poids ? Tant qu'on reste en dessous de la valeur d'une constante astronomique, ça me va. Elle sera "stock" jusqu'à la bavette arrière, choisie avec soin dans les petites annonces -tant pis s'il faut faire 500 bornes pour aller la chercher- et remise en état au fil du temps.
Ouais...
Une grosse bécane de vieux schnock, quoi.

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Le Paris-Dakar 2023 n'aura pas lieu

par Koud'Pied o'Kick | 17.01.2023
Le Paris-Dakar 2023 n'aura pas lieu
Parti d'ailleurs, il arrivera je ne sais où
Le Paris-Dakar, qui n'est plus le Paris-Dakar mais que l'on continue d'appeler Paris-Dakar

Le Paris-Dakar 2023 n'aura pas lieu (c) photo : Tomas Malik
Parti d'ailleurs, il arrivera je ne sais où, dans mon indifférence générale; mais je vais quand même t'en parler.
Le Paris-Dakar, qui n'est plus le Paris-Dakar mais que l'on continue d'appeler Paris-Dakar sinon personne ne sait de quoi il retourne, a démarré il y a quelques jours, d'ailleurs que sur l'esplanade du Trocadéro à une heure matinale. Il n'arrivera pas à Dakar, ce qui ne choque plus personne parce que cela fait un bail que le -Dakar s'achève en un lieu aléatoire qui, je le suppose, devient le -Dakar d'un jour ; c'est une vision très poétique de la géographie politique, mais je doute qu'elle ait seulement effleuré l'organisation.
Deux choses me sont venues à l'esprit en y réfléchissant :
Premièrement, que j'imagine sans peine la scène dans les bureaux de l'orga, quelques temps après l'arrivée à -Dakar (qui n'est pas à Dakar).
- Bon... on va où l'année prochaine ?
- Lance.
Chtock !
- Err...o...mango.
- Hein ?
- Erromango. C'est... là. Au milieu du Pacifique. Entre les Fiji et la Nouvelle-Calédonie.
- Ouais... non... relance.
Chtock !
- Montélimar !
- Relance.
Deuxièmement, je pensais à une scène façon Septième Compagnie :
- Allô ? Églantine ? Mais vous êtes où, bons dieux ?
- weze-weze-wezezeze...
- La banlieue nord de Caracas ? Mais je vous avais dit de décrocher vers Dakar ! Da-kar ! C'est pourtant pas compliqué ! Qu'est-ce que vous foutez au Chili, mon vieux ?!
Je ne vais pas te rejouer mon couplet sur la compétition moto puisque tu sais déjà ce que je pense de ce vain exercice. La démonstration tient en une phrase : si tu veux gagner le Paris-Dakar, pars de Dakar plutôt que de Paris (proverbe sénégalais, fin XXe siècle).
J'ai plus de considération pour un Laurent Cochet qui retape deux Transalp pour aller bouffer du sable quelque part entre Villebon-sur-Yvette et Nouakchott avec son pote Amaury. Ou le duo de 52° Sud qui fait peu ou prou la même chose avant de passer sur des XR 600 -dont ils partagent la restauration, de mon point de vue toute aussi intéressante que l'expédition elle-même ; il n'y a pas que les voyages qui forment la jeunesse, il y a encore les hurlements de rage face à une Revue Moto Technique muette.
Pourtant, ce même Lolo Cochet fait une brillante démonstration de non-Dakar quelques mois plus tard en tapant deux Monkey dans tous les sens pour faire un France-France qui s'achève en France sur piston percé et une belle morale : si tu veux faire du TT, ne pars pas sur une brêle avec des roues de 10 pouces et un empattement de tondeuse à gazon -franchement, avec deux Innova "stock" en pneus à pavés, ça passait ; y m'aurait appelé, j'y aurais dit, au Lolo.
Je me demande souvent quel intérêt y a-t-il -au-delà de celui bien entendu des publicitaires- à réaliser des reportages sur de telles courses. L'épreuve, en effet, ne concerne que les participants eux-mêmes et leur encadrement. Les autres ? Nous autres ? Quel intérêt de savoir que Machin a pris douze minutes à Trucmuche dans l'étape numéro trois entre Kfr'ppt et Zrg-bdh ?
Les images ? Ce sont les mêmes : des véhicules dans du sable ou de la boue ; il n'y a pas de différence fondamentale entre la XT 500 de Neveu et la Gasgas de Sunderland. Les rebondissements de la course ? Déjà que sur 24 heures c'est difficile à suivre, alors sur une semaine et a fortiori sur deux semaines...
Je pense que la réponse est bien plus terre-à-terre : il s'agit du fric. De la masse de fric qui change de main lors d'événements de ce type, entre l'organisation, les mécènes, les écuries, les fournisseurs, etc. Un paquet de gens, pas seulement à l'orga, comptent sur le Dakar pour bouffer. Je parie que plusieurs milliers de personnes en dépendent, directement ou indirectement ; tiens ! comme cette imaginaire stagiaire en communication qui se démène depuis septembre pour faire savoir à qui veut bien l'entendre que son client, la Zblouk, numéro un mondial de la déplieuse d'attache-trombones en acier zingué, sponsorise la Gillet-Herstal 400 de Gilbert Bidule -événement !
Le fric implique le médiatique et le médiatique arrive avec sa grande copine la politique.
C'est là que je referme la porte, sur l'odeur persistante d'huile lourde de mes seuls soupçons quant à la partie immergée de cet iceberg médiatique, tenu soigneusement à l'abri de la lumière.
"Bélaventurumaine", comme ils le répètent.
Tu es libre de croire à cela aussi.

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L'absente hivernale

par Koud'Pied o'Kick | 07.02.2023
L'absente hivernale
Pas d'hivernale pour moi cette année : pas de vacances et pas de moto
Alors j'aide les autres à préparer les bécanes
Pas d'hivernale pour moi cette année : pas de vacances et pas de moto. Alors j'aide les autres à préparer les bécanes et planche sur l'itinéraire qui va les emmener jusqu'au Far West.

L'absente hivernale (c) photo : Darius Krause
Ce doit être un vieux schéma archaïque ; un truc de chasseurs d'avant l'invention du travail ou de l'argent : les épreuves soudent la tribu. Dans une société qui a le risque en horreur (mais adore se faire peur), il doit rester au fond de nous la nostalgie des cadeaux qu'offrent les obstacles surmontés ensemble.
D'où l'idée d'aller volontairement se cailler les miches à perpète.
Destination : le Far West de poche.
Il existe, sur le territoire des Celtiberi, au nord de l'Ebre, un lieu à part. Un désert. Tantôt aride, tantôt boueux des pluies diluviennes du printemps. Tantôt glacé par les masses d'air qui dévalent les pentes des Pyrénées, tantôt étouffé par la chaleur qui remonte du sud.
C'est là qu'ils vont.
Je regrette un peu de ne pas pouvoir les suivre. Je n'ai pas posé de vacances assez tôt et surtout je n'ai pas de moto. Une chute à l'arrêt a définitivement tordu le guidon de l'ER-5 du Bouclard, déjà redressé deux ou trois fois.
Ils partent à cinq, une fois de plus : Fifi, Gérald, Éric, la discrète Aurélie et Francis, l'enduriste.
C'est plutôt rare de voir une femme se mêler aux hivernales. Aurélie est une personne à part. Très réservée, mais volontaire, elle me fait l'effet d'une petite souris besogneuse qui suit opiniâtrement son chemin sans trop se soucier de ce qu'en pensent les autres. Elle roule sur une ER-6 orange premier modèle rabaissée pour s'accorder à son mètre soixante. J'aime la manière dont elle s'est fait une place au milieu d'un troupeau de mecs : poliment, mais fermement, elle est là, avec nous.
Francis fait partie de la bande de crosseux qui fréquente aussi le Bouclard. Il finit de retaper une XTZ 660 à simple optique. Lui et Gérald s'entendent bien : ce sont deux perfectionnistes. Je l'ai vu consacrer vingt minutes à la pose, pile au bon endroit, de l'autocollant "Yamaha 5 Valve Single" sur ses écopes de radiateur.
Qui dit Éric dit Iveco. Une fois de plus, ils vont charger les motos et filer jusqu'à Toulouse. Ils passeront en Espagne par Collioure. De là, il leur restera environ 550 bornes avant le désert des Bardenas.
Francis voudrait coller le plus possible aux montagnes en visant Pampelune. Gérald, qui n'aime pas l'idée d'embarquer sa GSX-F "état concours" sur des routes défoncées, désapprouve et préfère le parcours vers Saragosse. Aurélie propose de tâter le terrain sur place en fonction de la météo et de retenir un plan B au cas où. Fifi s'en fout. Éric s'adapte.
On se presse autour du PC : nous regardons des photos du parc. Normalement, en février, il y fait froid, mais la pluie n'est pas encore là. Or, il ne faut pas qu'il pleuve : ni la XJ, ni la GSX-F ni l'ER-6 ne pourront passer sur les chemins de terre transformés en lacs de boue collante.
C'est le coup de dés de cette hivernale : la météo. Comme souvent. Millevaches avec vingt centimètres de neige, c'est gérable, mais avec cinquante c'est mort. Tout ce qui roule en pneus de route reste en bas ; seuls les trails et quelques side-cars arrivent à monter et surtout à repartir le matin.
Je suis resté tard, samedi, pour aider à la préparation des motos : vérifier les serrages, bichonner les kits-chaînes, graisser les câbles d'embrayage et les pivots de frein. J'aime bien cette ambiance studieuse, concentrée, dans l'atelier un peu frisquet. Je participe indirectement à leur aventure. Pas de réparation de dernière minute, à l'arrache : Fifi se plaint seulement d'un klaxon qui fonctionne de manière erratique. On règle ça en nettoyant le contacteur du commodo.
Je les ai aidés à monter les motos dans l'Iveco -une étape qui me fait toujours peur. Ils partent demain matin. Aurélie et Fifi font la liaison en train, avec au moins quatre heures à tuer à Toulouse en attendant le reste du groupe.
Je rentre à pied. Je suis triste de ne pas être du voyage, de ne pas partir avec ma tribu. Je me sens abandonné. J'ai hâte qu'ils reviennent.

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La moto comme rouage de la machinerie mondiale

par Koud'Pied o'Kick | 14.02.2023
La moto comme rouage de la machinerie mondiale
Il faut lire les anarchistes technosceptiques pour regarder les objets différemment
Une modeste et insignifiante brosse à dents implique une organisation planétaire. Alors, imagine une moto !

La moto comme rouage de la machinerie mondiale (c) photo : Porapak Apichodilok
Illitch ? Semprun ? Mumford, peut-être ? Non ? Tous ces noms te sont inconnus ? Quel dommage. Ou quelle bénédiction, selon que tu préfères avaler la pilule rouge ou la pilule bleue. Si tu choisis la rouge, la pilule de la vérité, tu dois te douter que le voyage ne sera pas de tout repos. Et surtout : tu ne vas pas te faire que des copains. La pilule rouge t'ouvre les rangs du bataillon des parias, rien de moins : le populo déteste la vérité ; elle menace son confort.
Prends une moto standard. Un moteur, deux roues, une selle, un guidon, un réservoir. Classique. Vu et archi-revu. Le même produit depuis cent ans. Limite ennuyeux.
Et pourtant. Gratte un peu sous la couche des apparences. D'où vient l'acier du guidon ? Et l'alliage d'alu du cadre ? Qui a fondu les carters ? Qui a usiné les roulements ? Où a été assemblé le moteur ? Dans le même pays ? Pas sûr.
Les fabriques ne travaillent plus sans fournisseurs de produits semi-finis ou finis. Les pièces les plus visibles sont les freins, les fourches, les amortisseurs, parfois les roues.
Mais l'électronique ? D'où viennent les puces ? De Taïwan ? De Corée ? De Chine ? Où a été produit le faisceau électrique ? En Thaïlande ?
Avec la pilule rouge, tout à coup la moto cesse d'être un objet monolithique pour être remplacé par un assemblage de pièces qui arrivent de tous les recoins de la planète : le caoutchouc des pneus, le chrome des plongeurs, les pigments de la peinture, le plastique du tableau de bord, le laiton des obus de valve.
Cette moto a beau être présentée comme "japonaise" ou "allemande", elle ne l'est pas du tout. Il est bien révolu, le temps où les usines Terrot de Dijon fabriquaient à peu près tout à partir de minerai extrait en France, sur des machines-outils venant de Lorraine et produites avec du charbon du Nord.
Mais grattons encore un peu. Parce que cette moto n'est pas qu'un objet statique. Elle doit rouler. Voilà les champs pétrolifères dans de lointains déserts, les pipelines, les pétroliers, les raffineries, les camions-citernes et les stations-service. Ce que tu mets dans ton réservoir est l'aboutissement des milliers de kilomètres de tubes, d'une logistique (presque) sans faille et de la somme faramineuse de savoir-faire de l'industrie pétrolière. Sans le savoir, en regardant défiler les chiffres sur la pompe, tu branches ta moto à un univers complexe, technique et vital d'un point de vue social et politique.
La pompe de la station-service elle-même ? Elle est électrique, reliée là encore à un réseau si touffu que personne ne peut plus en tracer le plan. Ta moto roule aussi au nucléaire et au charbon.
Quand finalement tu payes avec ta carte, tu allumes sans trop y penser un nouveau gigantesque et tentaculaire filet électronique qui enserre toujours plus nos vies. Que nos ancêtres seraient horrifiés de nous voir troquer l'argent-métal pour de l'argent... rien ?
Grattons encore un peu plus. Ta moto n'est pas qu'un véhicule. Son existence implique une foule d'agences, des assurances aux services de voirie, à l'éclairage public, à la gestion des feux tricolores, aux types qui salent les routes ou balayent les feuilles mortes, aux fonctionnaires qui ont imprimé ta carte grise, à ceux qui t'ont accordé un permis de conduire et (presque) les mêmes dont le travail consiste à te le retirer. Les juges, les tribunaux, les avocats, les prunes, les visseurs de rails de sécurité, les nettoyeurs de panneaux de signalisation, les boucheurs de trous dans la chaussée, les tondeurs de bas-côtés. Et bien sûr les pompiers, les ambulances, ceux qui se chargent de déblayer les épaves broyées, d'évacuer les blessés et les morts.
Les casseurs, les vendeurs de merdouilles sur Internet, les marchands de fringues et de casques, les publicitaires et les marketoïdes, les tauliers de bouclards. Les voleurs, les receleurs, les désosseurs de bécanes volées et ceux qui rêvent de les coffrer. Les types qui pondent des normes. Ceux qui planchent sur les statistiques routières et les gestionnaires qui surveillent les statistiques de ventes.
Tous ces gens-là font rouler ta moto. Qu'un seul d'entre eux s'arrête de travailler et c'est toute la machinerie qui commence à grincer, à vibrer désagréablement. C'est évident quand il s'agit d'une grève de pompistes ou du système de carte grise qui se met en rideau. C'est moins visible quand la chaîne d'approvisionnement en pièces détachées chope le hoquet, ou que les fabricants de pneus s'aperçoivent qu'une partie de leurs fournisseurs font maintenant partie des "méchants" dans le mauvais pays et qu'il n'est plus question de leur acheter quoi que ce soit.
C'est tout ça, ta moto : le rouage final d'une machinerie mondiale, une organisation inimaginable tant elle est complexe.
Oups. Tu as commencé à avaler la pilule rouge.

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Trois motardes pour moi tout seul

par Koud'Pied o'Kick | 21.02.2023
Trois motardes pour moi tout seul
Trois motardes : imagine l'aubaine !
Je les observe du coin de l'œil. Délicieusement, mon cœur a fait pop !

Trois motardes pour moi tout seul (c) photo : ELEVATE
J'ai la chance d'assister régulièrement à des concerts privés, organisés par un couple de copains dans leur propre maison. Ils invitent des musiciens de renommée moyenne, de ceux qui font vivre les petites salles de spectacle : talentueux, mais méconnus. L'ambiance est familiale et surtout, pendant la représentation, le silence est religieux. J'apprécie.
J'arrive tôt à ces soirées ; je vais m'installer dans mon coin, à gauche de la scène, près du piano. En société, je suis très inadapté : quand il y a plus de huit personnes dans la pièce, mon cerveau sature à suivre toutes les conversations à la fois. Alors je me contente d'observer. J'aime bien regarder discuter les gens, plongé dans le brouhaha des voix d'où émergent des mots, des bribes de phrases.
Impossible de rater leur arrivée, avec leurs blousons et leurs casques. Ce ne sont pas des habituées : je les aurais remarquées si elles étaient déjà venues. Elles s'arrêtent un moment sur le pas de la porte puis avancent dans ma direction. Elles posent leurs affaires sur les chaises du rang derrière moi. Je fais mine de m'intéresser furieusement à l'écran de mon téléphone.
Puis elles se tournent vers la cuisine. Dans ces occasions, tout le monde apporte un petit quelque chose à manger et un gros quelque chose à boire.
J'allais classer ces trois motardes dans la catégorie "touche pas à ça, p'tit con", quand, de la cuisine, s'élève un tonitruant :
- Marcel ? Marcel ! MARCEL ! (afin de préserver mon anonymat, mon propre rôle sera joué par Marcel Pagnol)
Déboule de la cuisine, les trois motardes à la remorque, Victor, co-organisateur du concert. Journaliste lui aussi, il écrit dans un magazine chic et cher où ça parle de déco intérieure, de boîtes de nuit à la mode, de restos prout-prout, de pinard bio à 90 balles la boutanche, d'expositions de photos bizarres et de personnes "en vue" -quoi que cela puisse signifier.
- Ah, te voilà ! Viens que je te présente. Alors : Coralie, Agnès et... Pascale ! Voici Marcel, alias KPOK, le plus grand, le plus fameux chroniqueur moto de France.
Vite. Un petit trou noir juste pour moi. Là. Maintenant. Tout de suite. Que je disparaisse d'ici.
Victor me met une tape sur l'épaule.
- Il est muet, mais c'est normal : il est aussi talentueux que timide. Humour ravageur pour planquer son âme de poète, cynique et désespéré, mais toujours en quête de beau et d'absolu, c'est le Jack Kerouac de la moto, c'est un Jim Morrison qui aurait eu le bon goût de rester en vie assez longtemps pour développer une calvitie et nous émouvoir avec ses aventures. Quand il se décidera à sortir son oeuvre en librairie, ça va faire un malheur !
L'une d'elles me sourit. Une autre étouffe un petit rire. Je veux mourir. Pitié, Soichiro Honda : foudroie-moi sur place.
- Allez ! Allez ! Allez ! Tu ne vas pas les laisser comme ça. Elles ne connaissent personne ici, alors tu vas faire les honneurs de la maison. Hop ! Hop ! Hop ! Trouve-leur un verre, une bricole à grignoter -je vous conseille les gougères de Caroline : une merveille.
Sur ces mots, Victor pivote et repart, me laissant planté là avec mon fan-club tout neuf, dans l'expectative.
Je lance un fort original :
- Bonsoir.
Salutations diverses en face. La plus grande attaque :
- Désolée. Je compatis. La mise en boîte, je veux dire. Un verre, donc ?
- Oui, un verre. Bonne idée.
Temps mort devant le buffet. Je déplace un pion de leur côté de l'échiquier :
- Vous avez connu comment, ici ?
- La chanteuse de ce soir est une de mes copines, répond la plus petite.
- Ah ! Donc vous connaissez au moins une personne.
(je manie l'art de la réplique originale avec un génie certain)
À ce moment arrive une quatrième femme qui saute au cou de la plus petite motarde. Embrassades. Est-ce la chanteuse ? Elle attire sa copine vers deux autres personnes ; la moyenne du lot suit le mouvement. La plus grande reste près de moi.
À peine moins que ma taille. Un grand regard d'obsidienne. De minces boucles d'oreille discrètes. Pas de maquillage. La cinquantaine. Élancée. De petits plis de malice au coin des yeux. De grandes mains fines qui tiennent son verre élégamment. Un jean usé et un tank-top blanc à col cheminée sous un gilet sans manches : magnitude onze sur l'échelle du tremblement de coeur, qui pourtant n'en compte que neuf. Dans un coin de ma tête, quelque chose fait pop, délicieusement.
- Et donc vous êtes...
- Agnès.
- Oui, c'est ça : Agnès. Vous verrez : on est rarement déçu par ces concerts. C'est vraiment chouette... enfin je veux dire bien. Très bien, même.
Elle sourit. Je sens que je deviens tout rouge et c'est horrible. Il y a forcément quelque chose d'hyper passionnant sur le bout de mes chaussures, j'en suis sûr, il faut que je vérifie.
Sur ces entrefaites, Victor arrive en tapant dans ces mains :
- Allez, c'est parti. On y va ! Les canapés du devant sont pour les jolies femmes et les moins jeunes d'entre vous. Allez ! Allez ! Les plus grands au fond, merci ! Allez ! Allez !
Nous suivons le mouvement et prenons nos places. Agnès est assise dans mon dos. J'ai l'imaginomètre au rupteur. Les lumières baissent. Le groupe de musiciens arrive. Applaudissements.
Premières notes de piano, un peu mélancoliques. Puis le morceau s'anime, prend du rythme. Agnès a posé un pied sur le barreau arrière de ma chaise. Je la sens battre le rythme de la jambe ; étrange premier bercement que j'accompagne de la tête, comme un très long 'oui'.
Soichiro ? Reporte le foudroiement à demain, s'il te plaît.
p.s. personnel : merci à F et à G pour ces belles soirées.
KPOK

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Les ZFE c'est la mort des motards

par Koud'Pied o'Kick | 28.02.2023 à 07:30
Les ZFE c'est la mort des motards
Les ZFE vont tuer les motos
Il n'y aura bientôt plus que des "125cm3" électriques et des MP3 à batteries
Les ZFE vont tuer les motos. Il n'y aura bientôt plus que des "125cm3" électriques et des MP3 à batteries.
Tout ça pour que des zélotes puissent dire qu'ils avaient raison après avoir créé eux-mêmes la crise qu'ils feignent de résoudre.

Les ZFE c'est la mort des motards (c) photo : DLKR
Dans deux ans, je suis censé me débarrasser d'une manière ou d'une autre (en y mettant le feu devant la préfecture, par exemple?) de ma vieille berline japonaise de vingt ans.
Son remplacement me déplaît. D'abord parce qu'il va falloir y mettre beaucoup d'argent -je l'avais payée 4.000 euros à l'époque ; je vais être obligé de lâcher le double, sinon le triple sans pour autant constater une amélioration des prestations, notamment côté consommation.
Ensuite parce que cette histoire de Zones de Forfaitures Environnementales pue la mauvaise foi et le procès religieux foireux. Parce que le CO2, on s'en tape, à l'inverse des millions de tonnes de plastiques, d'huiles, de résines, de colles, de peintures, de détergents, de médicaments, d'engrais, de poisons agricoles et autres saloperies chimiques qui sont déversées dans l'air, dans l'eau et sur la terre à longueur d'année et que nous finissons -c'est inévitable- par manger, boire ou respirer, puisque la Terre est un système de recyclage tout à fait au point.
Ton huile de vidange, la peinture de ton réservoir et le calotin en polystyrène de ton casque finiront tous, d'une manière ou d'une autre, dans ton estomac ou tes poumons.
D'où le fort frisson d'agacement qui me parcourt quand les têtes de noeuds du ministère viennent expliquer, contre la logique la plus élémentaire, que pour moins polluer avec un 'vieux' véhicule il faut polluer plus en achetant du neuf. Je ne crois pas aux chiffres de leurs rapports biaisés, basés sur des modèles orientés pour aller dans le sens qui les arrange.
Mais laissons là la bagnole et parlons un peu de motos.
Je me cherche donc une petite moto sympa pour aller faire des balades. Je me suis régalé d'annonces de bécanes de ma génération (disons : 1990 - 2005), de la DR 350 SE à la ZRX 1100, en passant par la flopée de machines que l'on trouve entre les deux.
Oui mais... en 2025 ? Dans moins de deux ans ? Quand la municipalité aura lâché les commandos "air pur" qui, à coup d'amendes à 68 euros -et bientôt bien plus- feront l'impossible pour nous convaincre que nous commettons un crime atroce en démarrant nos moteurs ?
Alors c'est râpé pour la Dominator, la DRSE, la Bandit 1200, la Hornet, la Fazer. C'est foutu pour la CBR, voire la Gex' -promis, j'aurais conduit presque sagement. C'est mort pour le flat à huile, pour la 600 SS, pour la tonitruante CBR 250 RR.
Non, ne viens pas me tendre la perche du véhicule "collection". C'est un leurre : ils vont couper les robinets et mettre des restrictions telles que ce ne sera pas viable au quotidien ; et puis les pièces, comment fera-t-on pour les pièces à moins de stocker une donneuse en plus ? Car les constructeurs vont en profiter pour tout bazarder.
J'ai mis du temps avant de comprendre le système Crit'Air. Je le trouvais stupide parce qu'il ne pouvait pas prendre en compte les futures normes de pollution. Mais c'est à dessein : Crit'Air n'en tient pas compte parce qu'il n'y en aura pas.
Crit'Air est un compte à rebours avant l'interdiction de circuler de tout véhicule à moteur, thermique ou électrique.
Car même les véhicules dits "électriques" sont des véhicules dépendants du pétrole, indirectement : je n'ai jamais vu de plastique produit à partir d'électrons et jamais cru au gag du plastique de cellulose de maïs, parce que la moiss-batt' électrique pour faucher des champs sans engrais faute de pétrole, ce n'est pas pour demain.
C'est donc tout à fait dégoûté par ce très prochain gâchis que j'ai ajouté "à partir de 2006" aux critères de recherche de ma future petite bécane sympa pour profiter encore un peu des échos du XXe siècle.
Note bien que je n'ai rien contre l'électrique : ma trottinette a passé les 1.000 bornes début février. Si j'ai le choix, Berzingue reste au garage : la trott' est bien plus pratique pour faire A->B en ville. Pour rouler plus de cinquante bornes, j'ai mon vélo électrique à assistance musculaire qui tient sans peine les 32 km/h sur faux plat (oui, les 2 km/h sont importants pour l'ego).
Mais les 'vraies' motos électriques ? Ticket d'entrée à 25.000 euros ? Batterie morte dans 10 ans sans garantie de trouver des cellules de remplacement ? Pour une autonomie à peine supérieure à ce qu'offrait mon Innova et ses 3,75 litres de réservoir ? J'apprécierais qu'on arrête de me prendre pour un idiot.
À mesure qu'avance le temps, j'ai l'impression de lire un script rédigé par un quarteron de vieillards bornés qui s'imaginent plus sages que moi. Je vois les mêmes arguments, les mêmes 'solutions' proposées -pardon : imposées- dans différents pays, le même vocabulaire employé. Il s'agit de rallonger les temps de trajets, de limiter les déplacements, d'éliminer des places de stationnement et de rendre payantes celles qui ne le sont pas encore -ou de faire raquer les motos.
Nulle part je n'ai vu de gouvernement occidental proposer une porte de sortie pour les véhicules thermiques les moins vieux, consistant à modifier leurs moteurs pour les faire tourner au GPL ou aux mélanges pétrole-alcool (même si ces carburants me paraissent être une énième mauvaise idée) -mon propre moteur passe à l'éthanol sans trop de problèmes : certains l'ont fait.
Parce que s'il s'agit bel et bien de 'lutter contre la pollution' (ce dont je doute), il faut faire rouler le plus longtemps possible le parc existant et s'abstenir de fabriquer du neuf.
Las, les ZFE sont à l'image des grands "débats" et événements de ces vingt dernières années : un parti-pris qui ne supporte pas la controverse, qui doit s'imposer à la totalité, sans débats, sans recours et selon un calendrier arbitraire (et flou, de surcroît, puisque les dates-butoirs sont repoussées en fonction du calendrier électoral).

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Révélation 350

par Koud'Pied o'Kick | 07.03.2023
Révélation 350
Oh, j'aurais tellement, tellement voulu que tu t'appelles Révélation 350.
Je vais te briser le coeur
Oh, j'aurais tellement, tellement voulu que tu t'appelles Révélation 350. Mais non : tu n'es pas pour moi. J'ai trop l'habitude des japonaises. Je vais te briser le cœur, sinon.

Révélation 350 (c) photo : David Cassolato
Il n'y a rien de mieux qu'un essai inattendu. Contrairement à ma manie, je n'ai pas répondu 'non-non' quand le vendeur a poussé les clefs de contact vers moi. Ce n'est cependant pas dans cette couleur que je l'aurais achetée; je préfère la version blanche et bleue.
La selle est basse et je trouve son dessin fort élégant. Quel bonheur, les motos où l'on descend en selle plutôt que de s'y percher, sur la pointe de pieds ! Quand je le saisis, le guidon semble pointer vers le ciel. Les poignées sont épaisses et rondes ; les commodos sont originaux -comme quoi il est possible de faire joli-pas-cher. Le compteur est élégant et les chiffres pas trop petits pour mes yeux vieillissants.
Contact. Dziiiii-uik/uik/uik/poum-poumpoumpoum. Presque pas de vibrations dans la selle ou le guidon, mais les rétros frétillent. Hou ! Que le levier d'embrayage est loin ! Heureusement, la course morte est longue. Surtout ne pas caler : trois personnes me regardent partir.
Facile. C'est tout facile. Lourd, certes, mais facile. Pas de mode d'emploi à assimiler, pas de commandes exotiques ; il faut juste que je me fasse à la position des clignotants inversés, puisque le klaxon est en bas sur cette moto.
Forcément, la direction est plus lourde que celle de Berzingue et s'articule en un point situé plus haut : je dois pousser plus que d'habitude pour faire pivoter la moto à basse vitesse, d'autant que le pneu avant est inutilement large -un 90 avant / 110 arrière auraient bien suffi, mais il aurait fallu expliquer des trucs techniques à motardus simplex pour qui "plusse que c'est gros plusse que c'est bô".
Le sélecteur accroche, mais c'est moi qui m'y prends mal. En soignant la coordination cheville-poignets, ça passe sans râper -certains constructeurs feraient bien de prendre des notes.
Non, vraiment : il n'y a que ce guidon qui pointe vers le haut et me gêne. Sur mon propre engin, j'aurais immédiatement béquillé, sorti les glingues et dépatouillé tout ça.
Pas besoin de monter dans les tours : le mono tracte en quatrième à cinquante sans cogner. En cinquième, il se balade à quatre-vingts à l'heure dans un léger frisson. Je roule d'autant plus pépère que la machine a... dix-sept kilomètres au compteur.
Comme je l'avais pressenti, les rétros jouent le rôle de balanciers d'équilibrage à l'air libre. À soixante-dix, ils sont quasiment inutiles. J'aurais probablement vissé dessus des contrepoids.
Le pot fait un de ces bruits ! Il pétarade, poume-poume et proute-proute avec joyeuseté. Certains y mettront un Akra pour faire croire qu'ils ont un gros zizi ; ce sera doublement de l'argent dépensé pour rien : d'origine, c'est rigolo comme tout.
Mais tu n'es pas pour moi.
Je suis trop habitué aux japonaises et à leurs moteurs... comment dire ? Leurs moteurs auxquels on ne pense plus ? Leurs moteurs qui prennent douze mille tours pendant cent mille kilomètres sans même rayer leurs jupes ? Leurs moteurs que si on loupe une révision de deux mois on s'en tape.
Parce que la Meteor a droit à son premier jeu aux soupapes à cinq cents kilomètres. Puis tous les ans ou toutes les six mille bornes. L'opération n'est pas compliquée, cependant elle implique entre autres de déposer le réservoir et donc de débrancher des tuyaux de caoutchouc qui sont simplement emmanchés -je n'aime pas ça, je préférerais qu'il y ait des connecteurs. Il faut aussi dévisser une partie du faisceau électrique sur le côté droit du cadre pour pouvoir démonter le couvre-culbuteurs.
Certains y verront un plaisir, une étape nécessaire pour profiter du pétaradant petit mono. J'y vois une contrainte, un truc qui va me gratter quand je roule : "ah ! zut ! faut pas que j'oublie de faire ça le week-end prochain".
Non, la Meteor 350 n'est pas une moto pour moi.
Pourtant, j'avais envie d'y croire. Que, comme d'autres sur Youtube ou ailleurs, j'allais descendre de la bécane et me ruer au comptoir pour en commander une tant cette 350 m'aurait enchanté. Je me demande souvent quel degré de sincérité mettent des gens comme Stuart Fillingham dans leurs vidéos. À l'entendre, Royal Enfield fait les meilleures brêles du monde... bah oui, gars : faut être sympa avec eux pour qu'ils continuent de te prêter des motos pendant plusieurs semaines afin que tu puisses poster des vidéos et faire vivre ta chaîne.
Je crois bien plus en la CBR 300 (ou la jolie 250 carénée), la MT-03, une Versys 300, la Ninja 400, une Katoche, une G310, même la GSX-R 250.
C'est super, une Meteor 350. Mais j'ai besoin de pouvoir rouler à cent vingt compteur sans me répéter que je vais prendre le vilo dans les dents.
Dommage. Dommage. J'étais tout prêt à tomber amoureux d'une si ravissante moto.
Plus d'infos sur les chroniques
Essai moto Royal Enfield Meteor 350

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Re: La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards
Oui, le look même aguicheur, ne fait pas tout ! C'est bien de nous le rappeler. Le fait est que les essais qu'on peut voir sur UTube sont souvent flatteurs et ils ne peuvent pas rendre compte de ce qui se passe après l'achat...
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Bientôt, des canons sous les radars routiers

par Koud'Pied o'Kick | 14.03.2023
Bientôt, des canons sous les radars routiers
Puisque vous n'êtes pas capables de comprendre que 90 c'est 90
Implantation de canons de 23mm couplés aux radars routiers
Puisque vous n'êtes pas capables de comprendre que 90 c'est 90, l'État va tester sur une portion de la Nationale 7 l'implantation de canons de 23mm couplés aux radars routiers. Bang ! Bang ! Salauds de contrevenants, va !

Bientôt, des canons sous les radars routiers (c) photo : John Smith
Souvent, je me demande sur quelle octave hurlerait mon grand-père paternel s'il revenait aujourd'hui, soixante-cinq ans après sa mort, pour constater la voie prise par la France du XXIe siècle. Je suis à peu près certain qu'il mettrait 20dB facile à la Castafiore.
Voilà que j'apprends que la municipalité de Lyon s'apprête à implanter des caméras thermiques dans les rues pour traquer les dangereux criminels qui empruntent les voies de circulation réservées au co-voiturage alors qu'ils sont seuls à bord. Des détecteurs infrarouges. Tu sais : ces bidules inventés pour équiper les chars de guerre et tuer des gens.
Je répète le truc pour que ça rentre un peu plus profondément dans ton crâne : l'État, avec la complicité d'une municipalité, va déployer un sous-système d'arme pour contrôler le comportement de sa population. Un putain de dispositif de visée thermique extrapolé de ceux développés pour nos arsenaux militaires.
Ça y est ? Tu visualises ? Une foutue saloperie de bout de tourelle de char Leclerc dans la rue à côté de chez toi. À Lyon. Pas à Pyongyang ou dans je ne sais quelle dictature dirigée par un pur maboul.
Alors je me dis qu'il n'y a plus besoin de s'emmerder. Qu'il faudrait que l'État pousse le raisonnement jusqu'au bout et installe des canons sous ses radars pour éliminer la menace des forcenés qui roulent "trop vite". Avec des munitions à tête molle spécialement mises au point pour détonner dans l'habitacle sans causer de dommages aux autres véhicules ou piétons à proximité -faudrait pas tuer des innocents, non plus. Un vrai défi technique que relèvera avec brio et empressement ce qui reste des arsenaux français, j'imagine. Pour la partie juridique, il suffira de faire passer à coup de 49.3 une petite loi rendant légale la peine de "non-temporisation de répudiation de vie".
Le tout sera présenté avec gourmandise et fierté par notre ministère de la bleusaille tirant sur le kaki. Cette "avancée technologique" sera toute prête à être exportée à l'étranger, par exemple lors de la prochaine visite de notre vénéré Président au Troudukistan -ce grand pays ami de la France.
Mais revenons aux caméras thermiques de Lyon. Ôte-moi d'un doute.
Le type à qui est venu cette idée et qui a oeuvré pour qu'elle soit mise en place n'est pas actuellement en soins intensifs dans une institution psychiatrique avec un diagnostic très défavorable ?
Pas une seule personne dotée de deux microgrammes de bon sens, à la municipalité, ne lui a dit qu'il était complètement fêlé du carafon et devait se faire soigner de toute urgence ?
Ou mieux : le muter en comparution immédiate aux îles Kerguelen pour assurer une mission de recensement des galets de la côte méridionale -tâche d'importance stratégique relevant de la sécurité nationale ?
Je vois les radars routiers, les dBmètres ou ces caméras thermiques comme une industrialisation de la chasse aux déviants par l'emploi de systèmes dérivés de l'armement. À Lyon, ils auraient pu déployer une vingtaine de plantons le long de ces axes pendant trois mois, bien en vue avec leurs gilets fluo. Ils auraient pruné quelques péquins, laissé filer quelques autres, à la gueule du client. Le résultat aurait été le même tout en coûtant moins cher.
Mais non : l'État assume tellement peu sa politique routière qu'elle a remplacé les hommes par des machines qui prunent, sans états d'âmes, à la chaîne. Bang ! Bang ! Bang !
Et nous courbons l'échine.
Oh ! Comme mon grand-père hurlerait.

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Sylvie veut imposer le contrôle technique aux motos

par Koud'Pied o'Kick | 21.03.2023
Sylvie veut imposer le contrôle technique aux motos
Elle trouve que les motos sans CT c'est un "déni de démocratie".
Rien que ça.
Je t'ai parlé de Sylvie ? Son avis à elle est important, aussi. Elle trouve que les motos sans CT c'est un "déni de démocratie". Rien que ça.

Sylvie veut imposer le contrôle technique aux motos (c) photo : Andrea Piacquadio
Tu peux oublier le CNSR, les associations d'usagers de la route ou même le ministère du rouler-ensemble-pour-tous-youpi. Sylvie a SON avis sur le contrôle technique moto.
Sylvie... Un mètre cinquante-huit de colère pure maintenue à 1.800 bars de pression par vingt-cinq ans de maison au même poste. Les caristes au boulot l'appellent "mèche courte" -elle pense que c'est à cause de sa coupe de cheveux et passe ainsi à côté de la référence aux explosifs.
Si la rédaction de cette célèbre chaîne d'information en continu soupçonnait son existence, elle l'embaucherait sur-le-champ : elle a le parfait profil de l'éditorialiste d'assaut, planquée derrière un blindage impénétrable de mauvaise foi.
Il n'y a que sur la réforme des retraites qu'elle reste d'une discrétion de violette : il lui reste sept ans à tirer et flippe de voir l'échéance s'éloigner au fur et à mesure qu'elle vieillit.
Sylvie a deux manières de s'adresser aux gens : soit en direct façon offensive frontale avec barrage d'artillerie lourde à la Georg Bruchmüller*, soit une stratégie de harassement indirect. Comme elle se méfie un peu de moi, elle opte pour la deuxième approche :
- Quand même : ce n'est pas normal que les motos échappent au contrôle technique.
Je sais que cette pique m'est destinée, même si Sylvie ne regarde pas dans ma direction et a envoyé ça à la cantonade. Dans la salle de pause, les conversations se sont tues.
J'opte pour le pas de côté, la bouche encore à moitié plein de mon sandouiche :
- Je m'en fous, je viens en vélo.
Pause. Elle hésite. Je la prends de vitesse :
- Tu as déjà vu une moto complètement rouillée qui roule en crabe dans un nuage de fumée grasse parce que le moteur est mort ? Moi pas. Par contre, dans les années 80, on voyait un paquet de Peugeot 504, de Simca 1100, de Talbot Horizon complètement pourries avec des trous partout : tu te souviens, non ? C'est pour ça que les voitures ont mangé un contrôle technique. À cause de ces poubelles.
(J'ai déjà vu des motos pourries-ruinées, mais chut !)
- Et les petits crétins en scooter ? Et les fous avec leurs grosses motos qui font un bruit insupportable en doublant tout le monde ? C'est pas complètement anormal qu'on les laisse rouler ? Qu'ils bénéficient d'un passe-droit ?
Sylvie a un sens très orienté de la justice. Sur le modèle des juges et des malfrats, il n'y en a qu'une qui compte : la sienne, réécrite selon son humeur.
- Ah, mais on est complètement d'accord : les petits cons en scooter et les grands cons à pots vides méritent des baffes. Mais tu crois qu'un contrôle technique va y changer quelque chose ? Non : ils vont remonter leur pot d'origine pour le CT et le démonter juste après. Résultat ? Zéro.
- Eh bien il n'y a qu'à renforcer les contrôles et appliquer stric-te-ment la législation. Ils sont faciles à trouver : il n'y a qu'à tendre l'oreille.
J'enfonce cette ligne de défense avec délice :
- Donc tu parles de contrôles routiers. Et pas du tout du contrôle technique. Tu voudrais que les flics fassent ce pour quoi tu les payes avec tes impôts.
- Mais pas seulement ! Les motards profitent d'un régime d'exception. Pourquoi n'ont-ils pas de contrôle technique comme nous, les voitures ? C'est un déni de démocratie !
J'éclate de rire :
- Déni de démocratie. Faut vraiment que tu arrêtes de répéter la propagande des co**ards du gouvernement. C'est quoi, ton vrai problème avec les motos ? Il y en a un qui t'a fait un coup de crasse sur la route en venant ? Ils en ont causé ce matin sur Radio-Macron, ou quoi ?
Ce qu'il y a de bien, avec Sylvie, c'est qu'elle est incapable de se retenir. Sa colère est sans détours. Quand elle a quelque chose à dire, elle finit immanquablement par le lâcher :
- Et le fils de mon voisin, alors ? Ce petit salaud passe ses week-ends à bricoler son scooter avec ses copains et faire des allers-retours sous mes fenêtres. Et ça pue ! Et personne ne fait rien ! Ils laissent faire ! Surtout pas son père, déjà qu'il n'est même pas foutu de tailler ses arbres comme je lui dis !
Après cette révélation, un petit silence de prolonge dans la salle de pause. Mathilde intervient :
- Donc en fait tu as une fois de plus un problème avec le fils de ton voisin, c'est tout. Avant, c'était leur chien qui venait dans ton jardin, lui qui passait la tondeuse trop tôt le dimanche matin et ainsi de suite.
Mathilde a un étrange super-pouvoir : celui de faire retomber instantanément la colère de Sylvie. Je ne sais pas comment elle s'y prend.
Sylvie s'est effectivement arrêtée, comme si elle venait de comprendre quelque chose. Je me garde bien d'intervenir : je n'apprécie guère d'être le point d'aboutissement de la colère d'autrui. La diversion de Mathilde est bienvenue.
Moralité ?
Quand on gratte un peu sous les grandes décisions, on retrouve souvent de bien modestes raisons. Je soupçonne que ce soit le cas pour le CT moto.
* théoricien du renouveau de l'artillerie allemande pendant la 1ere Guerre mondiale

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Sur la plaine immense, des millions de motards

par Koud'Pied o'Kick | 28.03.2023
Sur la plaine immense, des millions de motards
Nous, les motards, tous les motards, étions tous réunis là, sur cette plaine infinie.
Toutes les motos, tous les motards ont répondu à l'appel.
Je rêve rarement de motos. Ce songe me laisse désemparé et mélancolique, malgré la force qui en émane. Nous, les motards, tous les motards, étions tous réunis là, sur cette plaine infinie.

Sur la plaine immense, des millions de motards (c) photo : Emir An?k
La plaine est blanche. Elle s'étend sans fin sous un soleil sec. L'horizon se confond au bleu pâlissant d'un ciel sans nuages.
Nous roulons.
Vu de très haut, c'est une vague grise qui avance, inexorable, dans un léger voile de poussière. À perte de vue, des motos, des motards. Seuls ou à deux. L'air vibre de bruit. Des chromes accrochent et scintillent au soleil.
Nous roulons.
Nous sommes tous là. Les vivants, les morts et les à venir. Du plus modeste vélomoteur aux plus grosses machines jamais construites, nous poussons sur cette plaine blanche, vers l'horizon. Tantôt en ligne, tantôt en groupes lâches ou resserrés. Toutes les motos, tous les motards ont répondu à l'appel.
Nous roulons.
À côté de moi, un vieux biker à longs cheveux et longue barbe, sans casque, sur une Harley à grand guidon. Une main sur les gaz, l'autre sur la cuisse, il chemine, détendu. Son gilet de cuir flotte lourdement au vent par-dessus sa chemise en jean. Dans le chrome de son phare se reflètent, à l'infini, des millions de motards en ligne. Le miroir de ses lunettes de soleil ne révèle que l'horizon vide.
Nous roulons.
Dans l'air s'harmonisent le Messie de Haendel, le riff d'intro d'un morceau d'AC/DC, une batucada lourde, pulsante et un banjo solitaire, mélancolique. Ils accompagnent le martèlement opiniâtre de millions de pistons, d'un essaim immense de soupapes affolés.
Nous roulons.
Ce n'est pas une course. C'est un rassemblement. Le rassemblement. L'ultime rassemblement. Tous les motards, toutes les motos. C'est la chevauchée de la fin des temps, sans but, sur une non-route blanche, vierge de tout repère.
Je suis là, dans la meute, tantôt crispé pour tenir mon rang, tantôt tout à fait calme, porté par l'élan de la multitude. Je sens autour de moi la force, la détermination du groupe. Cela me prend au ventre et me remonte à la gorge dans une exaltation presque incontrôlable.
Pourtant, ce n'est pas une armée. Il n'est pas question ici de conquête. Aucune bannière, aucune oriflamme ne claque au vent. C'est l'essence de la moto réduite à son expression la plus pure : rouler ensemble vers l'horizon, dans le bruit de nos moteurs.
Au réveil, je me demande ce que tout cela peut bien signifier. De mon rêve, il me reste l'écho d'une détermination, d'un élan né du groupe. Je me rappelle de la densité et de la force de ce mouvement, pourtant sans agressivité. C'était comme une vague énorme, mais sans reflux et qui ne laisserait pas de trace après son passage.
Je suis aussi ébranlé parce que j'ai revu, nettement, parmi la foule des assemblés, les visages de quelques-uns qui aujourd'hui dorment sous des dalles de pierres froides. À leur manière, ils chevauchent toujours avec nous, à la périphérie du regard.
Nous roulons.
Nous roulons tous vers l'horizon.

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Re: La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards

j'ai l'impression que Koud'Pied o'Kick est dans le même état mental que moi..... on fait les mêmes rêves....

Maxrunner31- Membre incontournable !
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Re: La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards

Hélas trois fois hélas ce n'est que du rêve.
Le réveil est bien chahuté par l'actualité.
Je vais me rendormir, c'est mieux.
Christian Pépé69
Pépé69- Membre incontournable !
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